COMMENT SE SORTIR DE LA PORNODÉPENDANCE ?

 

 

 

I. PREMIER PAS: PRENDRE CONSCIENCE DE SON ÉTAT

 

A. Les quatre étapes de la prise de conscience de l'état de dépendance

 

La prise de conscience de l'état de dépendance se fait en quatre temps: l'ignorance, le déni, puis l'acceptation et enfin la révolte.

 

(1) L'ignorance

 

Au début, le dépendant ignore complètement que sa consommation de pornographie est excessive. Sa consommation est trop récente pour qu'il en ressente encore les effets négatifs. Ou alors, il ressent bien déjà certains troubles, mais ne pense pas qu'ils soient liés à sa consommation de porno.

 

La très faible médiatisation de la question pose ici problème: par comparaison, alors qu'on va avoir tendance à se méfier du verre d'alcool de trop, on ne va pas "rationnaliser" sa consommation de porno. Avec la généralisation du Net, certains dépendants se mettent très rapidement à consacrer des soirées entières à la recherche de contenu X. Ils n'y voient que l'aspect ludique de cette consommation, et ne se rendront compte des aspects nocifs que trop tardivement.

 

(2) Le déni

 

Le dépendant a pu entendre parler de la dépendance pornographique, à la télévision, ou sur Internet. Un proche, s'étant aperçu que quelque chose "clochait", a pu évoquer le sujet avec lui. Pourtant, le dépendant va nier se sentir concerné. Il va affirmer qu'il maîtrise parfaitement sa consommation. A ce stade, les dépendant essaient toujours de se justifier: ils prétendent que consommer de la pornographie serait "normal", que tous les hommes le feraient -ce qui est faux-, que ce serait dans "l'air du temps". Les dépendants en couple, eux rejettent souvent la responsabilité sur leur conjointe ("si je consomme du porno, c'est de ta faute, c'est parce que tu ne m'excites plus assez"). Parfois, les dépendants célibataires avancent que leur solitude serait la cause de leur consommation (avec des faux arguments du type: "si j'avais une copine, je n'irais pas sur des sites pornographiques").

 

Dans tous les cas, le dépendant cherche à se déresponsabiliser: il accuse l'autre, il accuse la société ou il accuse son célibat, afin de ne pas avoir à faire face à son problème et à se responsabiliser.

 

(3) L'acceptation

 

Puis vient le jour où, enfin, le dépendant reconnaît qu'il a un problème. Le plus souvent, la reconnaissance intervient quand les effets de l'addiction deviennent difficilement gérables. Par exemple, il se rend compte qu'il ne sort plus beaucoup, qu'il n'a pas/plus beaucoup d'amis. Ou encore, il s'aperçoit que la sexualité de son couple est en berne, ou qu'il a des difficultés d'érection inhabituelles pour son âge sans problème médical connu. Il finit par se rendre à l'évidence: il ne contrôle plus ni sa consommation, ni la fréquence de ses épisodes de masturbation. Peut-être même se sent-il désormais attiré par des formes de sexualité, qui pourtant le dégoûtent. Va suivre alors une période de doutes et d'angoisse, dû au fait que le dépendant ne sait pas si la situation peut être inversée. Il a l'impression d'être le seul au monde à rencontrer de telles difficultés. Un certain fatalisme peut s'insinuer en lui; il peut craindre d'être "foutu", "irrécupérable". Si vous connaissez un dépendant à ce stade, il est IN-DIS-PEN-SABLE que vous le remotiviez pour qu'il reprenne confiance en lui, afin qu'il puisse arriver au quatrième temps de sa prise de conscience: le temps de la révolte.

 

(4) La révolte

 

La dernière phase, la révolte, débute quand le dépendant refuse la situation, et se met à chercher des solutions à son état . Cela peut prendre la forme d'une colère, ou d'un appel au secours. Il peut se sentir, honteux, coupable d'en être arrivé là. Il s'en veut d'avoir cru qu'il était à l'abri du phénomène, d'avoir pensé que cela n'arrivait qu'aux autres. Il va sans doute s'en vouloir de ne pas avoir réussi à maîtriser sa consommation. Mais il va malgré tout chercher à corriger la barre. Il va peut être essayer de sa propre initiative de se sevrer, avec plus ou moins de réussite. Il va sans doute chercher des informations sur le sujet sur Internet. C'est à ce stade précis que nombre de dépendants, arrivent sur ce site. C'est votre cas? Soyez le bienvenue !

 

B. Assumer son état pour mieux le combattre

 

Si vous avez atteri sur ce site de votre propre initiative après une recherche sur le Net, c'est sans doute que vous vous doutiez que quelque chose "clochait".

N'ayez pas peur de la vérité : oui, vous avez un problème avec la pornographie. Non, vous n’arriverez pas à vous en passer aussi facilement que vous le souhaiteriez. Oui, la pornographie embrume votre esprit, vos pensées, votre façon de voir le sexe opposé. Oui, vous avez dépassé le stade de la consommation occasionnelle pour entrer dans celui de la consommation compulsive.

 

Savez-vous comment vous en êtes arrivé(e) là?

- Il y a peut-être dans votre parcours quelque chose qui vous a amené à cette boulimie de porno: abus sexuels dans votre jeunesse, problème à vous positionner vis-à-vis du sexe opposé, forte timidité... dans ce cas, faites le tour de vos démons et réglez-le leur compte. Faites-vous aider si nécessaire par un spécialiste, comme par exemple un psychologue ou un psychiatre.

- Mais peut-être aussi qu'il n'y a rien. Aucune raison particulière; vous avez consommé du porno parce que vous étiez curieux, parce que vous trouviez cela attirant, et vous n'avez pas vu le danger venir. Peut-être que que vos camarades d'école le faisaient, alors vous avez suivi le mouvement, tout simplement. La majorité des pornodépendances débutent par une simple curiosité. Si vous êtes dans ce cas, inutile de vous torturer l'esprit à vous trouver des raisons; vous êtes devenu prisonnier du porno, tout simplement parce que le X est quelque chose d'extrêmement addictif.

 

Dans tous les cas, inutile d'angoisser. Vous n'êtes ni un monstre, ni un pervers. D'autres avant vous se sont fait avoir, beaucoup d'autres après vous tomberont malheureusement dans le même piège.

La pornographie est une industrie qui dépense chaque année des milliards pour obtenir de nouveaux clients et garder accrocs ceux qui le sont déjà: vous n'êtes malheureusement qu'un parmi des milliers.

 

Maintenant, hors de question de vous appitoyer! Vous ne saviez pas qu'une surconsommation de pornographie vous serait néfaste, soit! Vous avez bien été la victime d'un manque complet d'informations sur les risques de pornodépendance, d'un laxisme général de la société vis à vis de la diffusion des contenus à caractère pornographique. Mais maintenant, vous savez.

 

Si aujourd'hui vous n'essayez pas d'arrêter, ce ne sera pas la faute de la société, des éventuelles difficultés de votre couple ou des femmes qui seraient coupables d'être "trop belles". A partir d'aujourd'hui, si vous continuez à consommer du porno, cela sera de votre seule responsabilité.

 

Arrêter aujourd'hui le porno dépend uniquement de vous. A vous et à vous seul, de choisir qui vous voulez être demain. A vous aujourd'hui, de vous armer pour vous sortir de la pornodépendance, et pour ne jamais y replonger.

 

Vous avez en vous les ressources pour vous en sortir. Cela va vous demander des efforts importants, des sacrifices, mais il faut y croire. Vous n'y arriverez que si vous y croyez.

 

 

TÉMOIGNAGE DE PORN_IS_BAD, PORNODÉPENDANT EN COURS DE SEVRAGE, 28 AVRIL 2012

 

"Premier contact concret avec le monde du porno vers l'âge de 15 ans (j'en ai bientôt 30), via un film sur K7. Cela m'a beaucoup marqué, et depuis ce jour, je n'ai cessé d'aller à la recherche de supports à caractère sexuel (...) Déjà à l'époque une certaine addiction. Puis évidement, l'arrivée d'Internet. Et de la majorité. Fréquentation de sex-shops (visionnage de films), locations très fréquentes de DVD en distributeur, puis peu à peu, abandon des supports classiques au profit de l'Internet seul (...)

Les années passent... mais la consommation de porno ne décroît pas (...)

En quelques mois, mon disque dur de 500 Go est quasiment saturé à 90% par du porno. (...)
J'ai sous-estimé les ravages de ces addictions, bien qu'ayant conscience que quelque chose n'allait pas. (...)

Par moment, je me disais "bon, il va falloir que je fasse quelque chose pour stopper cela", conscient d'être atteint d'une addiction sévère. J'ai beau me dire que je sais faire la part des choses entre porno et réalité, ne pas mélanger les 2, je me rend compte que je me voile la face (...)

En lisant vos expériences, et les articles, je suis surpris de voir à quel point cette addiction est grave et dangereuse, tant elle s'est immiscée profondément dans nos esprits, nos habitudes, nos inconscients.
Cela me permet de faire un peu mieux un bilan de ces nombreuses années intoxiquées par le porno : j'estime avoir dépensé au moins 2000 euros dans les revues, films et abonnements Internet (...) Quel gâchis de temps surtout, au delà de l'argent! Du temps qui aurait pu être mis à profit pour des choses bien plus concrètes et intelligentes... (...)

Bref, cette fois ça y est, je crois que je suis sur la bonne voie, celle qui va me mener à terme à une vie sans porno. Je réalise à quel point il m'embrume le cerveau, me gâche la vie, me fait perdre temps et énergie, me coupe de la recherche d'une véritable partenaire amoureuse aussi."

Source : Témoignage issu du forum du www.pornodependance.com

 

 

 

II. DEUXIÈME PAS: APPRENDRE À EN PARLER

 

A. Il est important d'en parler

 

Si vous avez désormais pris conscience de votre dépendance, peut-être avez-vous l’impression d’être le seul dans votre situation.

Il est vrai que ce genre de choses n’est pas ce que l’on crie le plus facilement sur les toits. Nombre de dépendants n’en parlent pas autour d’eux, pas même à la personne qui partage leur vie. Cela est dû à un mélange de honte, de culpabilité, de peur du jugement et parfois d’un manque de confiance.

Vous n’êtes pas seul. Des tas d’autres hommes en sont passés par là avant vous. Et malheureusement, un bon nombre également tomberont dans le piège de la pornographie après vous.

 

Je ne saurai que trop vous recommander de vous confier. « Vider son sac » est important.

 

B. Peut-être pouvez-vous trouver une personne de confiance à qui parler de votre état?

 

Si vous ne pensez pas trouver (ou ne parvenez pas à trouver) quelqu'un de fiable dans votre entourage, cette personne peut être un spécialiste (thérapeute, psychologue, psychothérapeute, psychiatre, addictologue). Il n’est pas toujours facile à ce titre de trouver un professionnel sérieux, ou compétent sur la question. Renseignez-vous sur Internet, et pourquoi pas autour de vous. Quand vous en aurez choisi un, lors de la prise du premier rendez-vous, demandez lui directement s'il s'occupe des questions de pornodépendance. S'il vous répond par la négative, ou s'il ne semble pas considérer la pornodépendance comme une vraie problématique, ne perdez pas votre temps et cherchez en un autre, jusqu'à trouver le bon.

 

QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE SPÉCIALISTES? (EN FRANCE)

 

Le psychiatre est un médecin (le seul de cette liste) spécialisé dans les maladies mentales. Il est à ce titre apte, s'il le juge nécessaire, à vous délivrer des médicaments qui pourront vous aider (notamment des antidépresseurs). Ses prestations sont prises en charge par la Sécurité Sociale (hors dépassement d'honoraires). De ce fait, vous devrez passer par votre médecin traitant, à moins que vous ayez moins de 26 ans.

 

Le psychologue est titulaire d'un DEA ou d'un DESS en psychologie, et a suivi un stage professionnalisant d'un minimum de 500 heures. Il est là pour vous accompagner à y voir clair dans vos angoisses et réflexions. Son travail est donc essentiellement d'écoute. Le psychologue clinicien n' pas suivi d'études plus longues que le psychologue mais a simplement choisi parmi l'impressionnant catalogue des masters proposés une spécialité en psychopathologie et psychologie clinique.

 

Le psychothérapeute travaille selon les principes des thérapies analytiques (Freud, Lacan, Jung...), basée sur le rôle de l'inconscient et la recherche de l'origine des symptômes. Le titre de psychothérapeute ne nécessite pas de diplôme antérieur. Toutefois, depuis 2004, il est obligatoire d'être inscrit sur un Registre national, pour avoir le droit d'utiliser le titre. L'inscription garantit que le psychothérapeute a suivi une formation spécifique. Le registre est librement consultable sur Internet.

 

Le psychanalyste utilise les méthodes promues par Sigmund Freud (psychanalyse). Le travail semble accorder une grande importance à l'inconscient, au refoulement et aux troubles névrotiques. Il n'existe pas de texte réglementant l'usage du titre. Si vous choisissez de travailler avec un psychanalyste, je vous recommande donc d'en choisir un membre d'une association sérieuse (cette appartenance faisant, la plupart du temps, l'objet d'une publicié à l'entrée du cabinet; n'hésitez pas à vérifier l'existence et le sérieux des associations sur Internet).

 

Il y a encore peu, la profession de sexologue ne faisait l'objet d'aucune forme d'encadrement en France. Vous trouverez donc encore des gens qui se proclament sexologues, et qui n'ont pourtant suivi aucune formation pour cela. La qualité de leurs "conseils" est donc plus qu'aléatoire! Il existe cependant désormais un Diplôme Inter-universitaire de sexologie (D.I.U.), reconnu par l'Ordre des Médecins, et ouvert aux seuls docteurs en médecine. Ses titulaires ont donc une approche beaucoup plus médicale des choses; pour les retrouver dans votre quête d'un spécialiste, recherchez les "médecins sexologues".

 

Les addictologues sont titulaires d'un diplôme universitaire (D.U.) sanctionnant 130 heures de stage, dont 30 heures de stage pratique. L'accès à la formation est possible aux médecins et aux étudiants en médecine, mais aussi aux psychologues, infirmiers, sage-femmes ainsi qu'à certains travailleurs sociaux justifiant d'une expérience professionnelle de deux ans. A l'instar des sexologues, il existe donc des médecins addictologues dont l'approche sera plus médicale.

 

La sophrologie n'est pas une discipline médicale. Il s'agit d'une parascience, axée autour de la réalisation d'exercices de relaxation et de méditation. Le sophrologue peut vous aider à vous détendre, à évacuer le stress et l'angoisse causée par votre dépendance; mais il n'est en aucun cas utile pour travailler sur les origines de votre problème. La sophrologie peut donc être pratiquée en complément d'un suivi psy, mais ne peut en aucun cas le remplacer.

 

Enfin, être thérapeute de couple n'est pas un titre à part entière, et la référence à cette spécialité ne nécessite donc pas obligatoirement de formation préalable. A l'instar des sexologues, la formation reçue par l'intervenant peut être de qualité très aléatoire. Si vous voulez faire appel à un thérapeute de couple, choisissez prioritairement un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans cette activité.

 

Je vous recommande donc de choisir prioritairement un spécialiste reconnu comme psychiatre, psychologue clinicien ou addictologue. Dans tous les cas, seuls trois points comptent: le sentiment de pouvoir parler en toute confiance, celui de ne pas se sentir jugé, et celui d'avancer dans votre traitement.

 

Si vous ne vous sentez pas à l'aise, incompris avec votre spécialiste, changez-en. N'oubliez pas que chacun a sa propre vision des choses, sa propre méthode de travail. Vous n'avez pas à vous "forcer" à travailler avec un spécialiste qui vous déplaît.

 

CLIQUEZ ICI POUR CONSULTER UNE LISTE INDICATIVE ET NON EXHAUSTIVE DE SPECIALISTES POUVANT VOUS AIDER

 

Si vous résidez au Québec, en Belgique, en Suisse ou ailleurs, je suis preneur de toute information pour différencier les spécialistes de votre pays!

 

 

Seule la séance de psychiatrie fait l'objet d'un tarif réglementé (depuis 2018, en France: 46,70 euros pour un suivi régulier et 62,50 € pour une séance ponctuelle). Tous les autres professionnels de la liste peuvent fixer librement leur tarif et la durée de leurs séances. Pour donner un ordre d'idée, les séances individuelles durent généralement entre 30mn et 1h, et les séances en couple de 1h à 1h15. Les tarifs s'étalent de 50 à 100 euros, voire 150 euros pour certaines séances en couple. Aucune des séances des spécialistes précités, sauf celles du psychiatre, n'est remboursée par la Sécurité Sociale; les mutuelles peuvent éventuellement proposer une prise en charge partielle de ces coûts.

 

Si vous sentez que vous n’avancez pas, changez de spécialiste. Si ce dernier avance que « cela n’est pas si grave », fuyez. Il ne pourra pas vous aider à vous soigner, en sous-estimant vos difficultés.

 

Soyez également prudents si vous optez pour un sexologue: si certains d’entre eux sont des professionnels sérieux, d’autres continuent de promouvoir la pornographie comme remède aux frustrations sexuelles… accordant ainsi du crédit à la théorie de la catharsis, pourtant abandonnée depuis bientôt trente ans. Fuyez évidemment ceux qui vous encourageraient à la consommation de pornographie, soi-disant pour soulager vos tensions sexuelles ou redonner du piment à votre vie de couple; ce ne sont pas des professionnels sérieux, mais des personnes guidées par leurs seules convictions personnelles, qui refusent de concevoir le porno autrement que comme une seule source de plaisir sexuel.

 

De la même façon, tous les thérapeutes de couple ne se valent pas. La consommation de pornographie est potentiellement hautement destructrice pour tout union; le partenaire non-consommant (souvent la compagne) vivant l'addiction de l'autre comme une forme de trahison de couple. Si certains thérapeutes de couple le comprennent parfaitement en faisant parler le dépendant et en rassurant le conjoint, d'autres à l'inverse tentent de normaliser la consommation de l'addict (à grand coups de semonces de type "ce n'est pas si grave"); ce qui fera culpabiliser le non-consommant, légimitera l'addict dans sa pratique et enfoncera d'autant plus le couple dans la crise. A vous donc de vous détourner de tout professionnel ne vous paraissant pas sérieux, ou insuffisamment informé sur le sujet.

 

 

C. N'hésitez pas à venir vous exprimer sur le forum du site

 

Si vous êtes seul, sachez que ce site propose un forum, où peuvent s'exprimer librement les dépendants et leur entourage. N'hésitez pas à vous y rendre. Vous pourrez consulter les témoignages d'autres dépendants, à des stades plus ou moins avancés de sevrage. Chacun s'y exprime sans peur du jugement sur son combat, ses petites victoires et ses moments de doute. Vous pourrez également y laisser, en tout anonymat évidemment, votre propre témoignage. En participant à la vie du forum, vous entrerez déjà dans une démarche positive de sevrage.

 

Si vous venez sur le forum, je vous conseille, à l'instar de la plupart des membres, de tenir un carnet, et de revenir fréquemment pour vous y exprimer.

Vous donnerez ainsi une dynamique très positive à votre sevrage. Vous pouvez aussi tenir dans vos messages un décompte des progrès faits, sous forme de compteur d'arrêt du visionnage du porno et/ou de la masturbation.

 

Important: avant de vous exprimer sur le forum, merci de prendre connaissance de la Charte du Forum !

 

 

III. TROISIÈME PAS: VOULOIR CHANGER ET S'EN DONNER LES MOYENS

 

Cela peut sembler naïf, mais il est important d'insister sur ce point: vous ne pourrez changer que si vous le désirez vraiment.

Le chemin de la guérison peut être long et difficile. Il vous faudra de la volonté pour cela. Vous passerez sans doute par des états de frustration, de stress, qui vous déplairont.

Aussi, si vous décidez de changer, il faut le vouloir pleinement.

 

A. Savoir se donner une perspective: imaginez l'individu que vous serez une fois sevré

 

Vous n'avez sans doute pas toujours été un dépendant. Vous avez eu une vie avant. Vous étiez sans doute plus heureux, plus confiant en vous même. Vous étiez peut-être déjà un solitaire, mais certainement pas un accro.

Cette personne là, que vous appréciez plus que celui que vous êtes, c'est la pornographie qui vous en a privée. A vous maintenant de vous battre pour le faire renaître.

 

Imaginez ce que vous pourriez être !

 

Une personne libre de marcher dans les rues, sans avoir à craindre que ses pulsions pornographiques la sollicitent. Un individu capable de soutenir un regard séduisant, et d'en apprécier sincèrement la beauté.

 

Une personne capable d'aimer sincèrement l'autre sans le percevoir comme un morceau de viande. Une personne capable de vivre des rapports sexuels tendres et complices, non pollués par la pornographie.

 

Un mari, une épouse, un partenaire, un père ou une mère avec du temps et de l'affection pour les êtres aimés.

 

Une personne capable de se regarder dans la glace, et d'être fier d'elle-même.

 

Cette personne-là peut exister. Elle se situe derrière la pornographie, derrière la dépendance. Vous pouvez être cette personne. Mais pour cela, il faut vouloir changer.

 

TÉMOIGNAGE DE JUJU, PORNODÉPENDANT, 19/05/10

 

" Génial ce soir je fête ma première semaine de "sobriété" :-) ce n'est pas énorme, mais pour moi ça représente un premier but que je m'étais fixé, alors je suis très content (...)

Je viens témoigner ici des premiers effets bénéfiques de mon arrêt de consommation. C'est dingue l'estime de soi que l'on peut retrouver après ne serait-ce qu'une semaine. Je suis presque fier à chaque fois que je me regarde dans la glace!! :-) La sensation de retrouver une sorte de maîtrise de soi, de son comportement est très satisfaisante. Il me semble aussi que mes idées sont un peu plus claires et aussi que j'ai une meilleure concentration. Je commence à entrevoir une lueur de rayon de balbutiement d'une éventuelle possibilité de m'en sortir pour de bon, et cela me donne beaucoup de courage. J'ai aussi l'impression que ma volonté et ma détermination augmentent au fil des jours et cela aussi, m'encourage beaucoup. Finalement, je compare tous les sentiments positifs qui m'animent en ce moment aux horribles sentiments négatifs que j'ai ressenti après mes rechutes, et ça, ça m'oblige presque à tenir bon!

Néanmoins, je suis conscient que le plus dur reste à faire. Mais une première victoire est une première victoire!

Courage à tous, nous pouvons nous en sortir"

 

Témoignage issu du forum du www.pornodependance.com

 

 

B. Apprenez à détester la pornographie

 

Faites le bilan sur ce que la pornographie vous a enlevé, sur les choses à côté desquelles vous êtes passé à cause d'elle. Repensez au temps, éventuellement à l’argent perdu qui auraient été sûrement beaucoup plus utiles ailleurs.

 

Peut-être un(e) compagnon/compagnon s’est séparé de vous à cause de la pornographie? Peut-être un ami pourtant proche s’est éloigné quand vous avez commencé à vous renfermer sur vous-même?

 

Avez-vous dépensé de l'argent en abonnements, appels Allopass, ou sur des liveshows ? Qu'auriez-vous pu faire avec cet argent ? N'aviez-vous pas des projets sans doute beaucoup plus importants à réaliser? Combien de mois, d'années de perdus devant votre écran ?

 

Peut-être en êtes vous arrivé là suite à une succession d’échecs amoureux, de frustrations. Peut-être avez-vous subi une exposition précoce à la pornographie. Peut-être avez-vous été victime d’abus. Si il est toujours utile de se remettre en cause, afin de ne pas répéter vos erreurs, pas la peine de théoriser infiniment sur les raisons qui ont fait de vous un(e) dépendant(e).

Ce qui compte, c'est de savoir comment vous en sortir. Ne vous culpabilisez pas. A l’inverse, ne cherchez pas non plus un bouc émissaire à vos problèmes. Responsabilisez-vous. La première fois, vous n'avez sans doute pas vu le piège arriver. Mais maintenant, vous êtes averti(e): à vous de faire le nécessaire pour vous en sortir, et faire tout ce qui est possible pour ne plus replonger.

 

C. Optez pour la méthode du sevrage qui vous convient le mieux

 

Deux méthodes aux approches différentes existent pour atteindre le sevrage: l'arrêt en bloc, ou le sevrage progressif.

 

La méthode de l'arrêt en bloc

 

Dans cette méthode, le candidat au sevrage prend la décision ferme et définitive, d'arrêter immédiatement toute consommation à la pornographie. Ce qui passe par:

- la suppression de tout le contenu pornographique en sa possession: mise à la poubelle des revues, suppression des cookies et de l'historique de l'ordinateur, suppression de tous les fichiers présents sur l'ordinateur. En cas de doute quant à sa capacité à résister à la tentation, il peut éventuellement procéder au formatage du disque dur (ce qui va limiter les possibilités de récupérer les fichiers effacés).

- l'installation d'un logiciel de contrôle parental, dont la clé de déverouillage sera cachée à un endroit de la maison difficilement accessible.

 

L'arrêt de consommation de porno peut être matérialisé par un acte fort, qui va marquer le début du sevrage. Par exemple:

- au lieu de simplement jeter les revues, les films, les photos et les cds gravés, on peut y mettre le feu;

- l'aspirant au sevrage peut écrire son engagement sur une feuille de papier qu'il relira dans les moments de doutes, afin de se remémorer ses motivations premières;

- une date symbolique peut être choisie, comme un anniversaire, l'entrée dans une nouvelle activité professionnelle, ou bien encore le début de la nouvelle année.

 

Si vous en ressentez le besoin, consommez une dernière fois de la pornographie, en vous disant « cette fois-ci c’est la bonne ». Un peu à la manière du fumeur qui sait qu’il grille sa dernière cigarette. Mais tenez-vous fermement à cet engagement.

 

La méthode du sevrage progressif

 

Dans cette méthode, le dépendant échelonne son sevrage, et programme des paliers de consommation: à date fixe, il s'engage à consommer moins de pornographie qu'au palier précédent.

 

1. Etablir le bilan de sa consommation.

 

Le dépendant, s'il veut échelonner son sevrage, doit être capable de savoir de quel niveau de consommation il part. Cette estimation se fait au travers de quatre axes:

1) La consommation passive de contenus (recherche d'images ou de vidéos pornographiques, consultations de magasines...)

2) La consommation active de contenus (recours à des sites de webcams érotiques, de liveshows...)

3) Le recours aux services payants des escorts ou des prostitué(e)s;

4) L'estimation du sacrifice financier que représente la pornodépendance (coût des abonnements, des connexions surtaxées, de l'achat des revues, rémunération des escorts et des prostituées...)

 

Cette estimation doit être faite de manière honnête. Ce bilan de consommation, vous ne l'établissez que pour vous, et rien que pour vous. Si vous n'arrivez pas à vous auto-évaluer, laissez-vous une semaine ou deux. Pendant cette période, notez tout ce qui a attrait à votre consommation de porno: temps passé sur des sites, argent dépensé, escorts ou prostitué(es) rencontré(e)s, etc.

 

2. Définir l'horizon du sevrage.

 

Une fois réalisé votre bilan de consommation, il faut fixer l'horizon du sevrage, c'est-à-dire la date butoir à laquelle le sevrage complet devra être atteint. Il n'y a pas là de recette miracle, car la durée d'un sevrage varie fortement d'un individu à l'autre. Les témoignages du forum confirment d'ailleurs la grande variabilité dans les durées de sevrage. Comme base de départ, je vous propose de prendre trois ou six mois.

 

3. Troisième temps: définir les paliers du sevrage.

 

Ensuite, il convient de fixer les paliers du sevrage, c'est-à-dire le nombre d'étapes séparant le début et la fin du processus. Du nombre d'étapes envisagées et de la durée prévue pour le sevrage, va dépendre la difficulté des paliers. Il faut essayer de répartir de manière équitable l'effort sur l'ensemble des paliers. Chaque palier durera entre une semaine et un mois. Cette méthode, de par sa rigueur toute "mathématique", va donc imposer que vous comptabilisiez chaque temps de consommation, afin de savoir si vous êtes loin ou non du niveau fixé pour le palier.

 

Exemple: après votre évaluation, vous avez établi que vous surfiez sur des sites pornos six heures en moyenne par semaine, et que vous passiez trois heures par semaine sur des sites de webcams. Vous n'avez pas recours aux services d'escorts ou de prostituées.

Vous choisissez une méthode de sevrage en trois mois. Vous créez six paliers, ce qui veut dire un nouveau palier tous les quinze jours. L'effort peut être réparti ainsi:

 

Palier

Durée du palier
Consommation
Départ
J+0
Six heures hebdommadaires sur des sites, trois heures par semaine sur des sites de webcams.
01
J+1 à J+14
Cinq heures hebdommadaires sur des sites, deux heures par semaine de sites de webcams.
02
J+15 à J+29
Quatre heures hebdommadaires sur des sites, une heure et demie par semaine de sites de webcams.
03
J+30 à J+44
Trois heures hebdommadaires sur des sites, une heure par semaine de sites de webcams.
04
J+45 à J+59
Deux heures hebdommadaires sur des sites, une demi-heure par semaine de sites de webcams.
05
J+60 à J+74
Une heure hebdommadaire sur des sites, plus de sites de webcams.
06
J+74 à J+89
Une demi-heure hebdomadaire sur des sites, plus de sites de webcams.
Fin
J+90
Arrêt total de la consommation.

 

Les premiers paliers servent généralement de niveaux de réglages. En effet, on peut s'être sous-estimé initialement, et avoir le sentiment que des paliers plus larges auraient pu être définis. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à redéfinir des paliers du sevrage plus corsés, ou à sauter un palier pour atteindre plus rapidement le sevrage.

 

A l'inverse, on peut également bloquer à un palier, ce qui est peut être le signe qu'il est nécessaire de redéfinir un plus long échelonnement des paliers, avec un niveau de difficulté moindre.

 

Si vous ratez une étape, c'est-à-dire si vous échouez à un palier, recommencez-le, tout simplement.

 

Si vous vous apercevez que votre consommation de pornographie dépasse non seulement le palier en cours mais également le palier précédent, alors recommencez le palier précédent. Toutefois, un recul dans le sevrage progressif est probablement le signe que cette méthode n'est peut-être pas la plus adaptée pour vous; avez-vous tenté la méthode de l'arrêt en bloc?

 

4. Se fixer des récompenses.

 

Afin de vous motiver, vous pouvez prévoir de vous accorder une récompense, un cadeau pour chaque palier réussi. Cette pratique a l'avantage de matérialiser le travail réalisé et les succès obtenus. Elle donne également une perspective de réussite concrète à court terme (le cadeau), ce qui peut s'avérer parfois plus motivant pour l'invididu que la seule poursuite d'un sevrage pouvant paraître parfois lointain (stimulation du système de récompense). Les cadeaux prévus peuvent être inscrits sur une feuille de papier en début de sevrage, et leur valeur, matérielle ou symbolique, peut augmenter avec le temps.

 

Une variante peut être aussi de mettre de côté, dans une boîte ou une tirelire dédiée, un euro ou un dollar par jour et de décider, à la fin d'un délai donné (par exemple, au bout d'un mois ou d'un trimestre) de l'utilisation de la cagnotte ainsi accumulée pour un achat purement plaisir (un cadeau, un vêtement, un bon restaurant, etc.). En cas d'échec avant l'échéance prévue, vous vous engagez à offrir la somme ainsi consultée à une association de votre choix, et à renouveler votre tentative avec une échéance plus courte. En cas de succès, vous renouvelez l'expérience mais en vous fixant une échéance plus longue... et donc à terme, un cadeau plus important. Cette variante rajoute au système de récompense la crainte de perdre la cagnotte ainsi cumulée, ce qui peut être également motivant.

 

 

Quelle est la meilleure méthode ?

 

Personnellement, je pense que la méthode de l'arrêt en bloc est la meilleure des deux, pour les raisons suivantes:

 

1. La méthode du sevrage progressif favorise les "effets compensatoires"

 

La réduction de la consommation d'un produit entraîne une réduction globalement équivalente des effets physiques engendrés par sa consommation. Si je fume deux fois moins de cigarettes, j'envoie deux fois moins de nicotine et de goudron dans mes poumons. Si le matin je ne prends plus qu'une seule tartine de pâte à tartiner au lieu de deux, je divise d'autant la dose de sucre et de graisse que j'envoie à mon corps, etc.

 

Mais dans le cas des addictions sans substance, telles que l'addiction au jeu, la cyberdépendance et la pornodépendance, le mécanisme addictif fonctionne de manière différente. Les effets des addictions sans produits sont essentiellement psychologiques - la seule manifestation physique de la pornodépendance peut être l'impuissance, mais celle-ci est causée par un déréglement de la libido dû à l'altération psychologique dans la conception de la sexualité. Le sevrage se joue donc au niveau de la volonté et de l'insconcient de l'individu.

 

Or, les images à caractère sexuel sont celles laissant les marques les plus profondes dans nos esprits - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les publicitaires, pour installer leurs produits dans le cerveau disponible du consommateur, usent et abusent d'allusions sexuelles. Le cerveau du dépendant n'est pas uniquement accro à l'image qu'il voit, mais aussi au souvenir qu'il en a; pour pallier la réduction de visionnage de contenus, le cerveau va avoir tendance à amplifier l'excitation sexuelle de ce qu'on lui présente encore, pour compenser les images qui n'ont pas été vues.

 

2. La hauteur de la dernière marche (méthode du sevrage progressif)

 

Ensuite, je redoute que la dernière marche, celle de la suppression totale, puisse représenter un palier semblant inaccessible. Le sevrage progressif à ce défaut de transformer l'objet du sevrage, en récompense des efforts fournis. Ainsi, si je sais que j'ai consommé la totalité du "crédit porno" de mon palier, je vais avoir tendance à me réjouir de l'approche du palier suivant qui me permettra de consommer à nouveau, tout en respectant les objectifs que je me suis fixés. Mais la dernière marche est synonyme d'adieu à la pornographie: l'absence de récompense au succès peut rendre le franchissement de la dernière étape plus délicat.

 

Toutefois, la méthode du sevrage progressif possède aussi des avantages par rapport à la méthode de l'arrêt en bloc.

 

1. Le "raz-de-marée" de l'effet de manque (méthode de l'arrêt en bloc)

 

La méthode de l'arrêt en bloc va confronter le dépendant à une sensation de manque à la hauteur de sa consommation. Le dépendant se retrouve soudainement "au pied du mur", et ce mur peut sembler infranchissable. Par la méthode progressive, on transforme le mur en pente: y cheminer est plus long, mais moins difficile. La méthode de l'arrêt en bloc confronte l'aspirant au sevrage à une sensation de manque en forme de raz-de-marée, tandis que la méthode progressive répartit la vague dans le temps.

 

La méthode de l'arrêt progressif permet également de gérer avec plus de sérénité les angoisses liées au sevrage, comme la peur de l'échec et surtout celle des lendemains sans porno: la pornographie s'éloignant petit à petit, le sevré a le temps de se rendre compte que sa vie n'en est pas moins belle, et souvent beaucoup mieux, quand ses loisirs ne riment pas avec pornographie. Cette prise de conscience intervient aussi avec la méthode de l'arrêt en bloc, mais plus facilement à un niveau de sevrage plus avancé.

 

2. À cout terme, l'altération temporaire de la libido (méthode de l'arrêt en bloc)

 

Enfin, l'un des effets à court terme de la méthode de l'arrêt en bloc est l'altération de la libido. Le porno dérègle la libido de ses consommateurs, devenant au fur et à mesure de la progression de leur addiction incapables d'être excités par leur seul univers fantasmatique. Le recours au porno durant les relations sexuelles (porno visionné ou porno imaginé) compense - pour un temps! - les défaillances. La méthode par arrêt en bloc coupe d'un seul coup l'accès au porno, forçant le corps à réapprendre à être sexuellement excité sans recours à la pornographie. Le temps que cela se fasse, il y aura nécessairement une période de réajustement, où le corps n'arrivera plus à trouver son excitation. Tandis que dans le cas de la méthode progressive, la libido semblerait reprendre doucement sa place sur le porno, ce qui estomperait (sans l'effacer) le passage à vide. J'insiste cependant sur le fait que l'altération de la libido est une conséquence temporaire du sevrage, la libido revenant toujours au fur et à mesure que la pornographie disparaît de la vie du dépendant.

 

Mon conseil est donc d'essayer d'abord la méthode de l'arrêt en bloc, et d'opter pour la méthode progresive en cas d'échecs répétés.

 

 

C. Acceptez qu'il faille vous encadrer

 

Si vous sentez que vous n’allez pas réussir à ne pas craquer, alors demandez à ce qu’on vous surveille.

 

Déplacez votre ordinateur à un endroit où vous serez toujours visible (au milieu du salon par exemple).

Installez un logiciel de contrôle parental (correctement configuré), et confiez le code de déverouillage à un ami de confiance qui comprend votre problème, et qui saura vous raisonner quand l’envie sera trop forte.

 

Diminuez les occasions où vous vous retrouverez seul(e) avec à une connexion Internet: sortez voir des amis, allez au cinéma, faites du sport, etc.

 

Accepter qu'on ne puisse pas s'en sortir seul, ce n'est pas un aveu de faiblesse, bien au contraire. C'est une preuve de responsabilité, car vous allez au-délà de la fierté imbécile pour accéder au sevrage.

 

D. Accordez-vous une hygiène de vie plus stable

 

De nombreux aspirants au sevrage expriment devoir faire face à des épisodes de rechute, dans les moments de doute, de stress, d'angoisse ou de fatigue.

 

Le corps est une mécanique. Lorsque le stress ou la fatigue s'accumule, il appelle à une pause, à une source de réconfort. C'est cette même mécanique qui, par exemple, nous fait apprécier quelques moments de détente en rentrant d'une journée stressante.

Pour un dépendant, la pornographie ne représente pas qu'une possibilité d'excitation; c'est aussi une forme de refuge, une source d'apaisement. Il y trouve une certaine habitude. Tout comme l'alcoolique qui a pris l'habitude de boire en rentrant du travail. Tout comme la cigarette que l'on fume après le dîner ou au petit matin, etc.

 

Tout le monde ressent des moments de fatigue, ou de baisses de régime. Mais vous pouvez vous aider, en veillant à observer une meilleure hygiène de vie. Ce qui passe essentiellement par:

- une meilleure hygiène alimentaire.

- des nuits plus longues. Les dépendants ont tendance à avoir des nuits plus courtes que la moyenne, principalement parce que les soirées sont des temps de consommation intensive. En vous forcant à rallonger vos temps de sommeil, non seulement vous soignez votre corps, mais vous vous forcez à vous éloigner de la pornographie.

- une activité sportive soutenue. Le sport est bénéfique à de nombreux points de vue. Il entretient votre corps et élimine les toxines. Les sports collectifs forcent aussi le dépendant à sortir, et à voir d'autres personnes. Trouvez le sport qui vous convient, et inscrivez-vous en club. De cette façon, vous vous sentirez, au début, un peu "obligé" d'y aller. Puis cette activité deviendra vraiment une source de plaisir, ce qui diminuera d'autant l'attrait que vous portez à la pornographie.

 

 

IV. QUATRIÈME PAS: ARRÊTER LA MASTURBATION COMPULSIVE

 

A. Pornographie et masturbation compulsive sont liées

 

La masturbation n'est pas, en soi, une pratique condamnable, tant qu'elle reste ponctuelle et motivée par le seul plaisir. Elle peut même être intégrée aux ébats sexuels du couple.

 

Toutefois, dans le cas d'une dépendance pornographique, pornographie et masturbation sont imbriquées l'une dans l'autre.

 

L'excitation provoquée par la masturbation est exactement la même que celle d'une relation sexuelle classique: elle naît de la combinaison d'une excitation psychique (la situation ou la personne à qui je pense m'excite) et mécanique (le mouvement en lui-même provoque une réponse positive du corps).

Dans un premier temps, le dépendant va se masturber, afin d'alimenter son excitation psychique. Il va chercher dans le porno une source de fantasmes. Il se masturbe parce qu'il voit du porno.

Mais lorque l'addiction l'a envahi, le dépendant se rend compte qu'il n'est plus capable de formuler des fantasmes sains, c'est à dire déliés de la pornographie. Aussi, pour pouvoir se masturber, il lui est nécessaire soit de regarder du porno, soit de laisser son esprit s'envahir d'images pornographiques. ll voit ou "pense" porno, parce qu'il est incapable de se masturber sans. S'il n'y pensait pas ou n'en voyait pas, il aurait de très grandes difficultés à atteindre l'orgasme par la simple mécanique de sa main.

 

Le lien est alors acté entre pornographie et masturbation. Chaque visionnage de porno, chaque pensée pornographique, éveille chez le dépendant la nécessité de se masturber. Et comme il n'est pas capable de se passer de pornographie, il ne peut s'arrêter d'arrêter de se masturber. La masturbation, en devenant compulsive, cesse d'être un plaisir, et devient un besoin, l'équivalent d'un "trip" du drogué. Il ne fait que satisfaire sa frustration, jusqu'au prochain "shoot" de pornographie.

 

Un dépendant ne peut donc continuer à entretenir une pratique masturbatoire, car cette dernière entretient dans son esprit l'excitation pornographique. Chimiquement, physiquement, le cerveau ne fait pas grande différence entre le fait de voir du porno, et d'imaginer du porno. L'excitation est strictement la même, la découverte en moins. A titre d'analogie, un gros fumeur vous expliquera que penser à la cigarette peut être aussi tentant que de voir un ami fumer devant soi.

 

Egalement, les dépendants, en entretenant une pratique masturbatoire régulière, empêchent leur corps d'apprendre à trouver une satisfaction sexuelle sans avoir recours à cette pratique. Nombre de masturbateurs compulsifs n'arrivent plus à jouir avec leurs compagnes, mais savent encore éjaculer en se masturbant.

 

B. Une activité masturbatoire soutenue, ne peut être considérée comme "normale"

 

La partie qui suit est essentiellement rédigée d'un seul point de vue, en l'occurence celui d'un homme hétérosexuel, et ce dans le but de la garder compréhensible. Naturellement, il est parfaitement adaptable quelque soit votre genre et votre orientation sexuelle.

 

Si vous êtes en couple, il n'est pas normal que vous continuez d'entretenir en cachette une pratique masturbatoire régulière. La masturbation reste une sexualité "à défaut". Elle est symptomatique des périodes de la vie, où l'accès à une sexualité relationnelle est plus difficile (adolescence; célibat)

En continuant à vous masturber, vous mettez grandement en danger l'équilibre sexuel avec votre conjointe. D'abord, parce que vous entraînez votre corps à chercher son excitation non pas auprès de votre compagne, mais par le biais de votre seul plaisir personnel. Vous risquez de perdre ainsi peu à peu le goût pour l'aspect relationnel de l'acte sexuel, au profit de la seule masturbation. Faire l'amour, ce n'est pas qu'un acte sexuel. C'est aussi un échange, une relation particulière qui vous lie à votre partenaire. C'est pour cette raison que les couples espèrent toujours atteindre l'harmonie sexuelle: parce que cette dernière leur est profitable dans tous les aspects de leur vie commune.

 

Ensuite, le message que vous envoyez inconsciemment à votre compagne, est terrible pour cette dernière. Elle va logiquement penser qu'elle ne vous satisfait plus, au point tel que vous préférez vous "débrouiller tout seul". Elle risque de penser que vous ne la trouvez plus belle, et que vous préférez vous exciter en pensant à des actrices pornographiques. Plus d'une femme, et on les comprend, risque de se sentir humiliée, trahie, trompée par cette situation.

 

Si vous n'êtes pas en couple, vous devez également tout même en oeuvre afin d'arrêter de vous masturber. Vous allez certainement être tenté de me dire qu'après tout, tous les hommes célibataires, y compris ceux qui ne sont pas pornodépendants, se masturbent.

 

Oui, mais tous ces hommes-là ne sont pas pornodépendants. Vous, vous l'êtes. Et quand vous vous masturbez, c'est votre dépendance que vous nourrissez. Vous imaginez des scénarios X, qui vous emmènent vers une excitation typiquement pornographique, et réenclenchez ainsi le cycle de l'addiction. En effet; pour votre corps et votre esprit, chimiquement parlant, il n'y a que très peu de différences entre se masturber devant du porno, et se masturber en pensant porno.

 

Arrêter la maturbation est un point difficile du sevrage. Certains trouvent cela plus ardue que l'arrêt de la consommation de contenu X. D'autant plus que le candidat au sevrage vit souvent la masturbation, comme une sorte de "soupape de sécurité": elle lu permettrait d'abaisser la pression quand la sensation de manque devient trop forte. Il réclamerait le droit à se masturber, comme "récompense" de ses efforts. Mais le hic, c'est que le dépendant doit avoir recours à du porno quand il se masturbe. Chaque épisode de masturbation le fait donc régresser dans son sevrage. C'est le cercle vicieux.

 

Cette idée ne doit jamais vous quitter: tout sevrage est double: sevrage de pornographie ET sevrage de masturbation. Si vous n'arrêtez que la consommation de contenu, vous ne ressentirez jamais toute l'ampleur des bienfaits du sevrage.

 

 

C. Que faire quand l'envie de me masturber me prend?

 

Lorsque l'envie de vous masturber vous prend, ne cédez surtout pas à la tentation. Occupez-vous l'esprit: sortez au cinéma, lisez un livre, appelez des amis, regardez la télévision... En éloignant la pulsion pornographique, vous éloignerez le besoin de vous masturber. Vous pouvez également venir vous exprimer sur le forum du site, dès que les moments de manque vous envahissent.

 

La meilleure façon de lutter contre la masturbation compulsive, reste de tout faire pour que votre accès à la pornographie soit le plus difficile possible. En effet, les pulsions de masturbation retombent souvent aussi vite qu'elles sont venues. Autrement dit; si vous ne pouvez pas vous masturber, alors l'envie vous passera. C'est par exemple ce qui sauve les gens qui travaillent à l'extérieur, au contact du public, sans moyen de s'isoler; ou bien encore ceux qui ont une vie de famille très remplie, avec notamment des enfants à garder.

 

C'est aussi ce qui complique la tâche des célibataires, ou de tous ceux qui travaillent à la maison, ou sans collègues pour les "surveiller".Si c'est votre cas, alors soyez doublement attentifs aux conseils de la partie "Acceptez qu'il faille vous encadrer". Votre volonté peut donc rapidement reprendre le dessus, si vous vous en laissez le temps.

 

IV. CINQUIÈME PAS: RÉAPPRENDRE À PENSER NON SEXUEL

 

L’univers fantasmatique du dépendant est empreint de pornographie. Ses fantasmes, sa vision du sexe opposé, sont entachés par les représentations sexuelles auxquelles il s'est par de trop nombreuses fois exposé. Le dépendant n’est plus capable de formuler des fantasmes « sains », c'est-à-dire, détachés de la pornographie.

Avoir des fantasmes est naturel. Mais ces derniers ne peuvent prendre exclusivement naissance dans la pornographie. Ils ne doivent pas également se manifester de manière compulsive - c'est à dire sans possibilité de retenue- , à la moindre sollicitation érotique. Apprécier la beauté d’une personne séduisante est normal ; élaborer des scénarios pornographiques de façon systématique dans ce genre de situations n'est pas normal.

 

A. Dans un premier temps, il faut apprendre à "chasser les fantasmes pornographiques"

 

Le dépendant devra donc réapprendre à gérer les stimulations sexuelles lorsque celles-ci le prennent.

Pour cela, vous devezt apprendre à vous contrôler. Quand vous voyez une jolie femme dans la rue, et que les pulsions vous prennent, il faut vous couper de la source d'excitation. Ce qui veut dire tout simplement regarder ailleurs.

Si l'excitation vient d'une amie, d'une collègue qu'il n'est pas possible de fuir, alors interdisez-vous de la regarder ailleurs que dans les yeux. Au fur et à mesure que votre sevrage progressera, vous verrez que vous apprécierez de plus en plus la beauté simple du regard féminin.
De surcroît, n'oubliez pas que les femmes savent souvent quand on les épie. Elles apprécieront sûrement que vous ne les regardiez plus comme des morceaux de viande.

 

En éloignant ces fantasmes, on éloigne le spectre obssessionnel de la consommation. Au fur et à mesure, la baisse de la consommation de pornographie va entraîner une baisse de la formulation des fantasmes qui en découle, entraînant à son tour un intérêt moindre pour la pornographie, etc. C'est le cercle vertueux de la guérison. Bien sûr, cela ne se fera pas en claquant des doigts; il vous faudra du temps et des efforts, car la voie de la guérison n'est pas un chemin facile. Selon les individus, cela peut prendre plusieurs semaines ou plusieurs mois. Mais aucune pornodépendance n'est irréversible, ne l'oubliez jamais.

 

Rassurez-vous, le sevrage ne fera pas de vous des moines. Une fois sevré, vous réapprendrez à apprécier la beauté des formes féminines, et donc à être capable de les admirer, sans que ne défile dans votre tête un cirque pornographique. Vous apprécierez grandement de ne plus vous sentir comme un monstre, un pervers.

 

B. Dans un deuxième temps, il faut réapprendre à avoir des relations sexuelles satisfaisantes

 

Il est important de ne pas passer à cette étape, avant d’avoir réussi la précédente !

 

En préambule, je précise que le sevrage de la pornographie n'est pas absolument pas un sevrage anti-sexe! La sexualité peut-être quelque chose de merveilleux.... quand elle n'est pas polluée par la pornographie !

 

Nombre de dépendants, pour ceux qui sont en couple, n'ont pas une vie sexuelle satisfaisante. Ils n'arrivent plus à trouver leur plaisir avec leur partenaire, car cette dernière ne correspond pas aux standards pornographiques qu'ils ont intériorisé. D'autres ont tellement pris l'habitude de trouver leur orgasme par la masturbation, qu'ils ressentent de grandes difficultés à l'atteindre sans. Selon les dépendants, il peut s'agir de difficultés à jouir, ou même tout simplement à être en érection. Alors, pour compenser, certains dépendants, pendant l’acte sexuel, font tourner dans leur tête des images pornographiques, le plus souvent avec une autre personne que celle avec laquelle ils sont en train d’avoir une relation.

 

Cette situation fait évidemment souffrir le dépendant, qui a l'impression d'être anormal, impuissant.

 

Mais elle est aussi destructrice pour les compagnes, qui se demandent si leur compagnon éprouve toujours du désir et de l'amour pour elles. Elles en viennent à douter de leur capacité à satisfaire leurs compagnons. Certaines en sont même venues à se forcer à se comporter comme les actrices des films, se disant que l'excitation de leur homme allait revenir. C'est une attitude à proscrire, puisqu'en amour, on ne doit JAMAIS se forcer à faire quelque chose uniquement pour faire plaisir à l'autre. D'autant plus que c'est rarement efficace...

 

Le dépendant, s'il veut s'en sortir, doit à tout prix empêcher les pensées pornographiques de l'envahir durant les rapports. Pour cela, il doit se concentrer sur ses sensations, et réapprendre à écouter son corps. C'est à dire, privilégier les mouvements qui, mécaniquement, provoquent le plus d'excitation. Il doit réapprendre à jouir sans excitation pornographique.

Je recommande, pour y arriver, de fermer les yeux pendant une partie du rapport. Les hommes, lorsqu'ils font l'amour, ont fortement tendance à trop se reposer sur le sens visuel. En fermant les yeux, vous réapprendrez à trouver votre plaisir avec le toucher et l'ouïe. Vous pourrez également être à même de vous concentrer pour chasser les images pornos. Bien sûr, ça nécessitera d'expliquer avec votre compagne que vous êtes dépendant, et que vous faites ça pour votre couple.

 

Et lorsqu'il a les yeux ouverts, le dépendant ne doit avoir de l'attention que sur le corps de sa compagne. JAMAIS il ne doit, durant le rapport, avoir le besoin d'imaginer une autre femme, ou sa femme dans une posture pornographique qui n'a pas lieu d'être. Son excitation visuelle doit venir uniquement du corps de sa compagne. Quelle est la partie de son anatomie que vous préférez ? Cette personne a-t-elle quelque chose de précis qui vous fait craquer?

 

Si vous sentez que l'éjaculation ne vient pas, ne craquez pas. Ne vous laissez pas envahir par les images pornographiques. Résistez. Vous n'arriverez sans doute pas, du premier coup, à retrouver une qualité optimum de rapports. Mais au fur et à mesure de votre sevrage, vous verrez que la qualité de vos rapports reviendra.

 

COMBIEN DE TEMPS VA ME PRENDRE MON SEVRAGE?

 

Il est totalement impossible de répondre à cette question, car la réponse dépend d'un nombre extrêmement élevé de facteurs.

Tout d'abord, il y a votre degré de dépendance. Une dépendance plus profondément marquée (utilisation quotidienne de matériel pornographique; recours à du matériel très hard), ou commencée à l'adolescence, nécessite logiquement un sevrage plus long.

Ensuite, il y a votre personnalité. Certaines personnes arrivent à mobiliser plus facilement leur volonté que d'autres. Parce qu'ils ont l'habitude, dans leur famille ou dans le travail, d'être des décisionnaires. D'autres ont du mal à faire face au stress, aux angoisses qui vont les prendre.

Enfin, il y a les aléas de la vie. Une déception amoureuse, un décès dans la famille, un licenciement, sont autant de choses qui risquent de perturber votre sevrage. Pourtant, il ne faut évidemment pas renoncer: ce n'est pas parce que le chemin se rallonge qu'il aboutit à une impasse.

 

C'est pour cette raison que, plutôt que de raisonner en terme de durée, il faut mieux raisonner en terme d'étapes. Pour plus d'informations sur le sevrage, outre le présent article, je vous invite à la lecture de la page "Quelle va-être la durée de mon sevrage?"

 

Une vérité: il n'y a pas de fatalité. Tous les dépendants peuvent atteindre le sevrage. Tout est question de volonté, de moyens et de patience.

 

 

 

QUE FAIRE EN CAS DE RECHUTE ?

Vous serez sans doute souvent tenté. Et peut-être qu'il vous faudra plusieurs tentatives. Sachez qu'il n'y a pas de fatalité. Certains arrivent assez rapidement à décrocher. D'autres ont besoin de plusieurs essais.

 

Si vous avez déjà essayé d'arrêter, mais que vous avez "replongé", je vous invite à lire la page Que faire en cas de rechute. Vous y comprendrez que personne n'est "condamné" à la pornodépendance. Je vous invite également à vous rendre sur le forum de ce site.

 

 

AFREG - 11 ème version de l'article - mars 2021 .

 

 

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