DÉPENDANTS ! CE QUE VEULENT VOS FEMMES

 

 

 

Depuis le 20 octobre 2015, je propose aux compagnes de dépendants de répondre sur ce site à un petit questionnaire, évoquant leurs ressentis personnels. A l'origine, ce questionnaire visait à la création de l'article dont vous débutez la lecture, et qui s'adresse prioritairement aux dépendants, afin de les aider à comprendre ce que leur femme, épouse, petite amie ressent.

 

En effet, dans un couple, la dépendance de l'un a toujours des conséquences sur l'autre, injuste victime collatérale. J'ai mis en ligne les résultats reçus suite à la deuxième version du questionnaire (5 juillet 2017 - 28 novembre 2018). Pour cette deuxième version, un total de 174 participations a été reçu. Merci à vous! Aucune réponse n'était obligatoire, mais vous avez toutes très bien "joué le jeu".

 

Le questionnaire a depuis été mis à jour, avant de nouvelles questions et des nouvelles propositions de réponses pour les questions déjà existantes, compte tenu des commentaires, remarques et propositions d'améliorations qui m'ont été faits suite aux deux premières versions.

 

Si vous êtes une compagne et n'avez pas répondu à cette nouvelle version du questionnaire - que vous ayez ou non répondu à l'une ou l'autre des premières versions -, vous pouvez le faire ici: répondre au questionnaire. J'ai également mis en ligne l'analyse chiffrée des résultats reçus, avec comptes des réponses en valeurs et pourcentages.

 

Pour illustrer les réponses par des tranches de vie, je me suis également servi des témoignages de huit compagnes qui, en septembre 2014, avaient eu la gentillesse de répondre à une série de cinq questions plutôt intimes qui leur étaient posées. Ces témoignages devaient servir à une prémière version de cet article, qui n'a finalement pas vu le jour sous la forme initialement envisagée. Merci donc à Agnès, Betty, Blanche, Caroline, Isabelle, Mégère, Plume et Victoire (pseudonyme modifié à la demande de l'intéressée) pour le temps qu'elles ont bien voulu m'accorder.

 

Enfin, j'ai complété cet article de quelques témoignages récents, directement issus du www.pornodependance.com.

 

Pornodépendants en couple, s'il vous plaît, prenez le temps de lire cet article. Pour laisser une chance à votre couple de survivre à votre addiction, il est fondamental de prendre en compte le ressenti de l'autre. Cet article est là pour vous y aider.

 

Merci pour elle.

 

 

I. LE POSITIONNEMENT DE VOTRE COMPAGNE VIS-À-VIS DE VOTRE ADDICTION

 

A. Dans l'ensemble, les compagnes préfèrent savoir...

 

Question 1: Comment avez-vous découvert la dépendance de votre compagnon?

J'avais des doutes, alors j'ai fait des recherches (fouille de l'historique, du portable, etc.) - - 51,7 %

J'ai découvert sa dépendance par hasard - - 37,6 %

Il m'en a spontanément parlé - - 10,9 %

 

Question 5: Votre compagne reconnaît-il son état de dépendance ?

Oui - - 51,7 %

Non - - 48,3 %

 

Question 11: Auriez-vous préféré qu'il vous parle de lui-même de la situation?

Oui - - 98,8 %

Non - - 1,2 %

 

 

Dans leur grande majorité, les compagnes préfèrent être informées de la dépendance de leur partenaire, et quasiment toutes souhaitent que ce dernier leur en parle spontanément.

 

L'annonce d'une pornodépendance peut être une bombe mentale pour une compagne, car ces dernières apprécient le plus souvent l'annonce comme elles encaisseraient la découverte d'une maîtresse. Pour vous, il ne s'agit peut-être que d'images et de vidéos. Mais pour votre partenaire, vous vous masturbez devant des femmes nues, leur donnez peut-être des ordres pour qu'elles vous excitent. Qu'un écran pixellise leurs formes, qu'une page de magazine glace leur chair n'y change rien. La pillule sera probablement difficile à avaler, alors autant en adoucir l'amertume en mettant vous-même le sujet sur le tapis.

 

Egalement, et ça peut être on ne peut plus profitable, en parlant ouvertement de la situation, vous montrez à votre compagne que vous êtes prêt à assumer votre état, et la mettez en meilleure position de vous aider - si évidemment elle le souhaite!

 

Le dialogue sera l'une des clés de votre sevrage, alors autant commencer tout de suite.

 

Malheureusement, dans la pratique, très peu d'hommes (10,9%) font ce premier pas potentiellement salutaire pour leur couple. Pire, seulement un peu plus de la moitié des dépendants en couple reconnait souffrir d'une addiction au porno devant leur compagne (51,7 %).

 

Ne soyez pas dupe: une pornodépendance, ce n'est pas quelque chose qu'on peut cacher à long terme à sa partenaire. Il y a des signes, des comportements qui ne trompent pas. Une bonne moitié des compagnes de dépendants (51,7 %) ont eu des doutes et sont mis à mener elles-mêmes leur enquête. Epargnez-vous des complications, soyez honnête avec la personne qui partage votre vie.

 

TÉMOIGNAGES

 

Témoignage spontané d'Agnès

"Qu'il passe du temps avec notre famille et surtout de la TRANSPARENCE!"

 

Témoignage de Dirty Magic, 02 janvier 2016

"Il y a 8 mois me posant de plus en plus de questions, j'ai fouillé son ordinateur. Tout d'abord je suis tombée sur des messages échangés avec une amie à lui, c'était des échanges assez chauds avec des photos d'elle à moitié nue [...] Je lui ai pardonné. Mais ma confiance s'étant émoussée, j'ai gardé en tête une adresse Internet à lui et refait des recherches sur le Net. Et là c'est le drame! J'ai découvert alors qu'il était inscrit sur des sites gay avec des échanges de mail très très chauds, un compte Twitter où il suivait des actrices pornos [...] des trans, des blogs où il allait souvent [...] Nous avons encore failli nous séparer mais je décidais de lui refaire confiance [...] J'ai découvert récemment qu'il avait un compte Instagram où il suivait toujours les mêmes filles"

 

Témoignage d'Angenoir, 06 septembre 2015
"Il a rechuté sans m'en parler comme à ses habitudes mais depuis plusieurs mois il a dépassé les bornes. Plan Q où il n'est pas allé jusqu'au bout car je l'ai appris [...]
envie constante de sexe ailleurs, mensonges, cachoteries [...] Il me culpabilise de tout, rejette ses problèmes sur moi [...] En fait il n'assume rien et trouve une excuse à ce qu'il fait [...] Quoi que je dise ou fasse il n'y a rien qui le touche, il est insensible, méchant, ne réagit même plus au fait qu'il va perdre sa vie de couple, de famille [...] J'ai voulu l'aider, il ne veut pas de cette aide"

 

 

B. ... et les compagnes préfèrent aider

 

Question 8: Face à son addiction, préférez-vous vous impliquer ou garder vos distances ?

Je préfère m'impliquer (dans son sevrage ou à lui faire reconnaître son état s'il est encore dans le déni) - - 79,1 %

Je préfère garder mes distances - - 20,9 %

 

Complément:

Chez les compagnes dont le partenaire assume sa dépendance:

Je préfère m'impliquer (dans son sevrage ou à lui faire reconnaître son état s'il est encore dans le déni) - - 87,6 %

Je préfère garder mes distances - - 12,3 %

 

Chez les compagnes dont le partenaire n'assume pas sa dépendance:

Je préfère m'impliquer (dans son sevrage ou à lui faire reconnaître son état s'il est encore dans le déni) - - 69,5 %

Je préfère garder mes distances - - 30,5 %

 

 

Dans l'ensemble, les compagnes n'ont pas envie d'être mises de côté, et sont prêtes à aider leur partenaire dans sa lutte contre la pornodépendance (79,1%). Mais elles attendent assez régulièrement que les efforts viennent de vous, le premier d'entre eux étant de sortir du déni. En effet, dans les cas où les dépendants assument leur addiction, 87,6 % des compagnes annoncent être prêtes à apporter leur aide; le chiffre descend à 69,5 % quand le dépendant n'assume pas son état: "Aide-toi, et ta compagne t'aidera plus volontiers", en quelque sorte.

 

La sortie du déni est la première étape de la route du sevrage, mais cette étape, vous devrez la franchir seul, car c'est à vous de faire votre auto-critique et d'assumer votre état. Une fois votre "coming-out" de dépendant effectué, vous pourrez peut-être trouver un soutien auprès de votre compagne pour les étapes suivantes; votre partenaire est la personne qui connaît le mieux votre vous intime, elle est donc le mieux à même de vous comprendre.

 

Il est donc fondamental d'accorder une place centrale au dialogue avec votre partenaire. Votre compagne ne doit pas avoir l'impression d'être laissée sur le carreau, dès lors qu'elle semble prête à vous aider. Elle doit aussi, pour son propre bien-être, sentir que vous progressez, que vous connaissez des succès; tout comme par honnêteté, vous devez l'informer de vos éventuelles rechutes. Ces informations lui permettent de savoir à quel point en est votre couple, et la rassurent sur le fait que votre union peut survivre à cette épreuve.

 

TÉMOIGNAGES

 

Témoignage spontané de Victoire

"Je dirais avant tout: plus jamais de mensonges!!! Beaucoup de tendresse, d'affectation et d'attention, qu'il me fasse part de ses angoisses et de ses malaises [...] Le dialogue [...] sans tabou ni honte est très important pour moi, c'est notre force aujourd'hui (...) Parler, parler, parler, c'est notre thérapie! Aucun tabou sur les questions et les réponses des deux côtés"

 

Témoignage spontané de Mégère

"J'aurais apprécié plus de dialogue, qu'il me parle de son sevrage, ce qu'il ne fait pas et donc je suis réduite à traquer les indices extérieurs. Je me dis que tant qu'il ne m'en parle pas, le mensonge par omission est encore possible. Je pense que cette suspicion permanente risque de nous détruire"

 

Témoignage spontané de Betty

"Qu'il soit honnête, sincère et combattif. Etre honnête avec moi est une preuve qu'il est honnête avec lui-même, qu'il ne se ment pas. C'est aussi une marque de respect, puisqu'il me laisse libre choix de prendre mes décisions en connaissance de cause (...) J'ai besoin de voir qu'il est actif contre la dépendance. S'il rechute, cela peut malgré tout bien se passer entre nous, à condition qu'il réagisse derrière"

 

Témoignage spontané d'Agnès

"Je souhaiterais qu'il soit plus ouvert avec moi, je préfère qu'il soit franc, qu'il avoue même si ça fait mal, parce qu'à partir de là, on pose le problème"

 

 

 

II. LE RESSENTI DE VOTRE COMPAGNE

 

A. Un sentiment de trahison

 

Question 5: Ressentez-vous sa consommation comme une forme de trahison?

Oui - - 91,86%

Non - - 8,13%

 

Complément:

Chez les compagnes dont le partenaire a spontanément parlé de la dépendance (soit 41 répondantes)

Oui - - 80,48%

Non - - 19,51%

 

 

Les accros aux porno dépersonnalisent leur consommation; ils ont perdu de vue que ce qu'ils visionnent, ce sont bien des corps de femmes, des corps devant lesquels ils s'excitent, se masturbent et jouissent. Mais l'entremise de l'écran n'est pas une excuse. Un homme qui recherche le contact de prostituées ou d'escort-girls a conscience qu'il trompe sa compagne; en quoi regarder une femme se masturber devant l'écran, ou dans le cas des liveshows suite à des ordres du spectateur, devrait-il aboutir à une analyse différente?

 

La plupart des compagnes vont donc considérer la consommation de porno comme une forme d'adultère (89,51%). Peu importe si ce n'est pas votre ressenti; car c'est celui de votre compagne. La relation extra-conjugale est le motif numéro #1 des ruptures; pourquoi risquer de tout perdre pour des sirènes virtuelles?

 

A noter que le sentiment de trahison est nettement moins prononcé chez les compagnes dont le partenaire a parlé spontanément de la situation (80,48%) un peu à la manière d'un adultère qu'on choisit de faire éclater au grand jour pour qu'il ne nous explose pas au visage. N'oubliez pas qu'une fois sous le feu de l'orage conjugal, il vous sera difficile de faire croire à votre compagne que vous n'aviez pas conscience du tort que causait à votre union votre consommation de porno, puisque vous avez justement choisi de la lui cacher.

 

 

TEMOIGNAGES

 

Témoignage spontané de Blanche

"Le traumatisme aurait été moindre pour moi si mon ex compagnon avait été loyal, s'il m'avait parlé. En se taisant, ce n'est pas seulement notre couple que mon compagnon a détruit, il a failli me détruire moi avec [...] J'ai eu le sentiment terrible d'avoir été abusée, le sentiment d'une imposture [...]"

 

Témoignage spontané de Plume

"Ce que j'attendais de mon compagnon, c'est qu'il soit sincère avec moi. Je sais qu'il a cette dépendance, j'aurais aimé qu'il arrête de se cacher et qu'il me parle de ses rechutes. Il ne l'a jamais fait, par honte et ses mensonges nous ont brisé. J'ai perdu toute confiance. Comment peut-on vivre avec un homme en qui on n'a plus confiance?"

 

Témoignage spontané d'Agnès

"Il faut vraiment arrêter de nier, mentir et cacher les choses, car c'est ce qui nous fait le plus de mal, on se sent trahie, et par conséquent, notre suspicion ne fait qu'accroître! [...] J'ai toujours peur de passer à côté d'une trahison et cette situation me bouffe, peut-être même plus que son addiction... ou autant"

 

 

 

B. Une dévalorisation de soi

 

Question 11: Vous sentez-vous moins belle, moins désirable depuis que vous connaissez sa dépendance?

Oui - - 87,11%

Non - - 12,54%

 

Question 12: Vous sentez-vous moins aimée depuis que vous connaissez sa dépendance?

Oui - - 74,57%

Non: - - 25,08%

 

Question 15: Diriez-vous que la consommation de porno a changé son attitude vis-à-vis de vous, en le rendant plus distant, moins romantique?

Oui - - 75,59%

Non - - 23,38%

 

 

Les compagnes n'acceptent pas la consommation de porno de leur conjoint, car elles ne la comprennent pas. Pour elles, il n'y a pas de raison pour laquelle vous pourriez préférer vous réfugier dans la pornographie plutôt que dans les bras conjugaux. Et comme l'analyse de la pornographie en tant que matiériel addictif est encore peu médiatisée, beaucoup de femmes vont en déduire que "c'est de leur faute". Elles vont douter de la force de votre couple, se dire que vous n'êtes peut-être plus attiré par elle ou même amoureux d'elle. Elles peuvent également se remettre en question en tant que compagnes sexuelles. En cela, elles sont bien malheureusement confortées par une attitude souvent plus froide, plus distante de leur partenaire, exactement comme un homme qui se mettrait à tromper sa femme.

 

Bien sûr, tout cela est faux: les consommateurs de porno, dans leur très grande majorité, n'arrêtent pas de consommer quand ils se mettent en couple, et l'on peut gager qu'ils continueraient même si la meilleure amante au monde devenait leur partenaire sexuelle. Etre accro, c'est s'aggriper à l'objet de sa consommation, dans toute son irrationalité.

 

Votre partenaire est la victime collatérale de votre addiction, qu'elle subit comme un coup de poing au coeur: elle vous suit bien malgré elle dans votre descente aux enfers. Il est donc temps de remonter la pente; si vous ne le faites par vous, faites-le au moins pour elle.

 

TEMOIGNAGES

 

Témoignage spontané de Caroline

"C'est dur de se rendre compte aussi que ce n'est pas de notre faute; ça reste ancré dans notre tête qu'on ne fait pas assez d'efforts pour lui donner envie..."

 

Témoignage de Dirty Magic sur le forum, 02 janvier 2016
"Je me sens moche, non désirable face à tout ce qu'il regarde. Je me dis que je ne fais pas le poids"

 

Témoignage de Manque78 sur le forum, 20 août 2015

"Je lui ai parlé du mal que cela me faisait et faisait à notre couple. Il m'a dit qu'il m'aimait et que cela n'avait rien à voir, que c'était pour faire passer le stress...vous connaissez toutes la musique. Bref, il m'a promis d'arrêter. Mais quelques mois après je suis retombée sur des images et rebelote, explications, promesses... et ainsi de suite de façon récurrente pendant 3 ans. Aujourd'hui je me sens détruite psychologiquement, vide. Je n'ai plus confiance ni en lui, ni en moi. Je deviens complètement parano, je ne sais plus quoi penser, je me sens salie trahie....le même ressenti que vous toutes j'imagine. J'en arrive à penser que je ne suis qu'un objet, j'ai une image de moi déplorable"

 

Témoignage spontané d'Isabelle

"Quand mon conjoint se réfugie dans la pornographie, il ne me l'annonce pas évidemment mais je le sais et c'est comme si il me disait: "tu n'est pas assez désirable, pas assez séduisante, ta poitrine n'est pas assez volumineuse et ton corps n'évoque pas de désir sexuel en moi alors je préfère me masturber en fantasmant devant des images qui m'excitent et m'interpellent" Ou encore: "je n'ai ni l'envie, le temps ou l'énergie de partager avec toi des moments intimes, d'être réceptif à ton corps, de m'ajuster à ton rythme, je n'ai pas envie d'offrir et de recevoir ça n'en vaut pas la peine, tu n'en vaut pas la peine alors je préfère me donner du plaisir seul quand cela me convient à la vitesse qui me convient sans me soucier de toi". Je trouve ça égoïste et blessant."

 

Témoignage de Zelda141 sur le forum, 15 janvier 2016

"J'ai découvert qu'il [...] recevait des photos de femmes et parlait de sexe avec elles. J'étais sous le choc, je lui dis et demande d'arrêter, mais même après m'avoir promis de ne plus y aller il recommença avec un nouveau pseudo. Le pire dans tout ça c'est que même depuis le début de notre relation, il n'a jamais eu beaucoup d'envie pour moi, on ne fait pas souvent l'amour [...] Je me sens donc laide, pas excitante, trahie, je ne comprends pas pourquoi il est excité par ce sexe virtuel et que moi je n'arrive pas à lui donner envie. C'est toujours moi qui déclenche l'acte sexuel, c'est moi qui fait tout aussi [...] ça en devient frustrant [...] Que faire pour qu'il lâche le porno virtuel pour se consacrer à moi enfin?"

 

 

 

III. UNE DÉGRADATION DE LA QUALITÉ DE LA VIE SEXUELLE

 

Question 17: Au lit, vous êtes-vous déjà contrainte à une attitude qui ne vous plaisait pas?

Oui - - 48,81%

Non - - 47,45%

Répondants ayant précisé ne plus avoir de relations sexuelles avec leur compagnon: 2,03%

 

Oui - pratiques sexuelles / positions particulières - - 39,32% (80,55% des répondantes "oui")

Oui - port de lingerie ou de tenuse particulières - - 15,93% (32,63% des répondantes "oui")

Oui - recours à un langue grossier ou humiliant - - 10,50% (21,52% des répondantes "oui")

Oui - relations sexuelles violentes (réponses spontanées) - - 1,01% (2,09% des répondantes "oui")

Oui - relations sexuelles avec d'autres partenaires ou échangisme (réponses spontanées) - - 0,67% (1,38% des répondantes "oui")

Oui - relations sexuelles sans envie (réponses spontanées) - - 0,67% (1,38% des répondantes "oui")

Oui - exhibitionnisme (réponses spontanées) - - 0,33% (0,69% des répondantes "oui")

 

 

Question 18: Vos rapports sexuels vous semblent-ils suffisamment nombreux?

Non, ils ne sont pas assez nombreux - - 64,06%

Oui - - 12,20%

Non, ils sont trop nombreux - - 7,11%

 

Question 19: Vos rapports sexuels vous semblent-ils satisfaisants ?

Non - - 66,77%

Oui - - 27,11%

 

Question 16: Pensez-vous que sa dépendance pourrait vous amener à le tromper?

Non - - 47,45 %

Oui - - 44,40%

C'est déjà le cas - - 6,10%

 

 

Les compagnes de dépendants, dans une forte majorité (66,77%) sont insatisfaites de leur vie sexuelle.

 

Ce qui est d'abord mis en cause ici est le nombre de rapports sexuels: les compagnes se sentent sexuellement délaissées (64,06%). En effet, contrairement à une idée reçue, la pornographie ne stimule pas la créativité sexuelle, mais au contraire annihile la libido, rendant petit à petit le dépendant incapable de fantasmer autrement qu'à travers les clichés du porno. La libido de l'homo porno est détraquée: son excitation ne porte plus sur l'être de chair qui partage son lit, mais sur les créatures pixellisées assemblées derrière son écran. Ainsi, il n'est pas rare que sur le forum, des femmes témoignent avoir très peu de rapports sexuels avec des hommes dont elles savent pourtant qu'ils se masturbent fréquemment.

 

De plus, 48,41% des compagnes déclarent avoir déjà été contraintes par leur partenaire, à un comportement qui ne leur plaisaient pas, qu'il s'agisse notamment de recours à certaines positions particulières (80,55% des femmes déclarant ayant déjà été contraintes), du port de lingerie ou de tenues particulières (32,63% des femmes déclarant ayant déjà été contraintes) ou d'un recours à un langage grossier humiliant (21,52% des femmes déclarant ayant déjà été contraintes)

 

Pour la question 19, il a été laissé le champ libre aux femmes ayant déclaré que leur vie sexuelle ne les satisfaisait pas, d'exprimer les raisons de cette insatisfaction. Toutes les réponses vont dans le même sens: les compagnes reprochent à leurs hommes des relations sexuelles très mécaniques, dénuées de tendresse voir même d'intérêt pour le partenaire. Par exemple:

"Beaucoup trop rapide, pas de tendresse de câlins juste la sensation d'être un objet"

"C'est de la baise on ne fait pas l'amour"

"Manque de tendresse"

"Mon compagnon n'est pas à l'écoute de ce que je désire, il est trop pressé"

"Pas assez tendres"

"Pas de caresses"

"Rapide, dénué de recherche"

"Rejet de mon désir"

"Trop mécanique, l'impression souvent de n'être juste qu'un objet"

"J'ai l'impresion qu'il baise et non qu'il me fait l'amour"

"J'ai l'impression qu'il ne me désire plus comme avant"

"Manque de romantisme, de soin, de douceur"

"Manque de tendresse, beaucoup trop connotation porno dans ses attitudes, dans ce qu'il veut..."

"Manque d'intérêt de sa part"

"Mécaniques et rapides"

"Pas de tendresse"

"Peu de préliminaires, c'est toujours quand lui le veut et encore aucune éjaculation..."

"Privilégie son plaisir"

"Rapides"

"Rapport extrêmement rapide et sans préliminaires. Monsieur ne connaît pas les caresses (rapport qui ressemble à un film)

"Sans émotion"

"Je dois me caresser durant l'acte"

"Manque de tendresse"

"De moins en moins satisfaisantes (besoin de mater du porno l'acte, peu concerné, aucune complicité, ne cherche pas à donner du plaisir"

"J'ai l'impression de ne pas être sa source d'excitation"

"Sans tendresse"

"Sans plaisir, il est le seul, je suis un objet, pas de préliminaires pour moi"

"Pas de piment ni de passion, c'est mécanique"

"Aucun romantisme. Trop bestial"

"Impression d'être un objet, relations sans affection ni attention"

"Rapport froid et totalement dans son sens. Il n'a aucun égard pour mon plaisir et il n'y a aucun partage"

"Brutaux"

"Rapport extrêmement rapide et sans préliminaire. Monsieur ne connaît pas les caresses (rapport qui ressemble à un film)

"J'ai l'impression qu'il baise et non qu'il me fait l'amour"

"Privilégie son plaisir"

"Expéditif, pas d'affection"

"Humiliation de la femme, non prise en compte de mon plaisir à moi, notre sexualité est centrée sur son plaisir à lui"

"Egoïste"

"C'est de la baise, on ne fait pas l'amour"

 

 

Cette sexualité très mécanique est un copier-coller de ce que promeut les films pornos, où la tendresse et la complicité sont absentes au profit de la seule performance physique. Ne perdez pas de vue que vous faites l'amour avec quelqu'un, ce qui implique de partager avec cette personne autre chose qu'une série de va-et-vient cadencés.

 

La qualité de l'érection et la capacité à éjaculer du dépendant sont aussi régulièrement remises en cause:

"Erections trop fragiles, stress"

"Il ne finit pas"

"Erection insuffisante, rapport trop long.."

"Manque d'érection, manque de préliminaires"

"Pas d'érection"

"Rapport pas assez long et problème pour garder l'érection si changement de position ou demande de préliminaires"

"Panne"

"Préfère régulièrement se masturber pour jouir plutôt que de me pénétrer, se dit parfois obligé car trouve qu'il ne bande pas assez".

"Impuissance"

"Pas de possibilité d'aller jusqu'au bout"

"Pannes récurrentes"

"Problème érection"

"N'arrive pas à éjaculer une fois sur deux"

"Ejaculation précoce"

'Problèmes pour garder l'érection si changement de position ou demande de préliminaires"

"Pas d'orgasmes pour lui"

"Il ne finit pas"

"Préfère réguliement se masturber pour jouir plutôt que me pénétrer, se dit parfois obligé car trouve qu'il ne bande pas assez"

"Pas d'érection"

"Manque d'érection, manque de préliminaires"

"Aucune éjaculation"

"Il bande mou et à des difficultés pour avoir un orgasme"

 

 

La sexualité du dépendant est détraqué. A force de se masturber derrière un écran, l'accro au porno n'est plus capable de maintenir une érection devant une véritable partenaire. Deux raisons expliquent cela:

- le corps de la partenaire réelle est très rarement conforme aux standards physiques en vogue dans les films porno: il n'a pas les mêmes mensurations, les seins sont moins gros, les sexes ne sont pas forcément épilés, le corps peut être marqué de cicatrices, etc.

- la partenaire "de tous les jours" a rarement autant d'appétit sexuel que les personnages féminins des films pornographiques: elle n'a pas forcément le goût pour toutes les acrobaties du X, jouira rarement en deux minutes et encore moins sans préliminaires, ne va pas nécessairement manifester cette jouissance en hurlant à pleins décibels. Elle peut manifester des hésitations ou des douleurs, qui sont étrangères des parties de sexe montrées par les films porno.

 

La sexualité que vous montre les films X n'existe pas. Tout cela n'est que du cinéma: les actrices ne font pas l'amour à l'écran, elles enchaînent les poses que les producteurs et réalisateurs leur demandent. Tout comme il vous est déjà arrivé d'aller au travail sans entrain, les actrices sont parfois contraintes d'adopter des positions inconfortables ou douloureuses, tout en feignant le plaisir. Elles aussi, ont leurs "jours sans". Mais les "jours sans", elles doivent quand même faire avec, et faire en sorte que vous, spectateur, ne le voyez pas.

 

Les actrices sont également maquillées et apprêtées de manière singulière quand elles tournent. Dans le monde réel, très très peu de femmes se maquillent pour faire l'amour. Une femme peut aimer porter parfois de la belle lingerie pour plaire à son homme, mais il est rare qu'elle souhaite en porter à chaque fois. Quand un homme demande à sa partenaire de porter systématiquement de la lingerie, cette dernière pourrait se sentir blessée dans son sex appeal sans ces apparats.

 

Le pornodépendant, en ayant complètement réorienté sa sexualité autour du porno, en a fait sa réalité. Tout cela explique que dans l'action, la qualité de ses érections soit en berne: il court après un idéal féminin sexuel chimérique que la réalité des corps ne peut lui fournir.

 

Le fait que la moitié des compagnes envisagent (44,40%) ou soit déjà engagée dans (6,10%) une relation extra-conjugale retrace en partie cette insatisfaction sexuelle. Rejetée, bafouée dans sa dignité de femme, la partenaire peut être tentée d'aller trouver ailleurs le réconfort que l'homo porno semble lui interdire - même s'il va de soit que la qualité des relations sexuelles n'est pas le seul critère pouvant amener à une relation adultérine, et qu'il n'y a de toute façon pas de raison qui "autorise" un partenaire à tromper l'autre.

 

TÉMOIGNAGES

 

Témoignage de Mégère

"Sur le plan intime, je dirais que le porno incite à ne voir chez sa partenaire que les parties sexuelles du corps. J'ai besoin de plus de tendresse, d'être aimée toute entière, de faire l'amour".

 

Témoignage de Plume

"J'aurais aimé qu'il me regarde avec désir et sensualité. Pas avec cette envie de baiser, à me dire "t'es bonne, tu m'excites", "j'ai envie de t'attraper". Ca peut être rigolo de temps en temps mais quand on a l'impression qu'il est avec nous rien que pour nos attributs physiques...On se demande qui on est réellement pour lui (...) Au début, il me faisait l'amour et j'avais l'impression d'être une princesse. J'avais l'impression qu'il respectait mon corps, il me regardait avec les yeux plein de magie, il était mon "prince charmant". J'avais l'impression qu'il m'appartenait et que l'on ressentait l'intensité de notre amour. Il me regardait pendant l'acte, m'embrassait tendrement. J'avais l'impression de retomber amoureuse à chaque étreinte (...) C'est cette tendresse qui m'a manqué sur la fin."

 

Témoignage de Victoire

"J'attends qu'il me parle durant les rapports, m'assurer qu'il est bien avec moi, de ses fantasmes, de ses ressentis (qui ont bien changés en quelques mois)"

 

 

 

IV. UN VRAI RISQUE POUR LE COUPLE

 

Question 07: Diriez-vous que vous l'aimez moins, depuis que vous connaissez son état de dépendance ?

Oui - - 50,50%

Non - - 48,13%

 

Question 10: Avez-vous déjà songé à la quitter à cause de sa pornodépendance ?

Oui - - 84,40%

Non - - 15,59%

 

Question 13: Avec le recul, auriez-vous entamé une histoire avec votre compagnon si vous aviez su qu'il était pornodépendant ?

Non - - 78,64 %

Oui - - 13,22 %

Je connaissais son état de dépendance avant que nous soyons ensemble - - 6,44%

 

 

La pornographie fait peser un vrai, gros risque sur la survie du couple du dépendant.

 

La première pilule à avaler est tout d'abord celle de la trahison ressentie par la compagne, exactement comme si elle avait été trompée. La deuxième pilule a le goût de la désillusion: celle de voir son homme refuser d'assumer son état, ou de se prendre en mains pour s'en sortir. la vie d'une compagne n'est pas une sinécure: outre les séances de surf XXX de son homme, il faut supporter ses cachotteries, son attitude distante, et parfois sa fréquentation de prostituées ou d'escort-girls.

 

Il y a chez la compagne une vraie forme d'usure mentale à vivre aux côtés d'un dépendant quand ce dernier ne fournit aucun espoir d'amélioration de la situation; ce qui explique que la grande majorité des femmes (84,40%) pensent envisageable la possibilité de quitter un conjoint à cause de son addiction. Une étude américaine de 2016 avait d'ailleurs conclu que le risque de divorce, de 6% en moyenne, passait à 11% pour les hommes et à 16% pour les femmes dès lors qu'ils ou elles commençaient à regarder du porno (A). Bien sûr, le rapport de cause à effet n'est pas aussi direct; mais on peut tout de même en déduire que la consommation de porno participe à la fragilisation du couple, pouvant in fine aboutir à sa dissolution.

 

Le fruit de l'expérience étant amer, beaucoup de compagnes dépendantes interrogées dans l'enquête du www.pornodependance.com expliquent aujourd'hui que si l'histoire était à refaire, elles n'envisageraient pas une relation avec un pornodépendant (78,64%)

 

TÉMOIGNAGES

 

Témoignage d'Audrey00, 20 octobre 2014
"Depuis le début de notre relation, il n'a jamais été porté sur le sexe (...) il me repousse quasiment tout le temps: fatigué... toujours une bonne excuse
(...) Et quand on le fait, il ne m'embrasse pas, ne me caresse pas, c'est très mécanique, et ça dure 10 minutes maximum (...) Bien entendu, durant toutes ces années, j'ai essayé mille fois de lui en parler. Soit il ne veut pas discuter, soit c'est comme ça, il ne changera pas et je dois l'accepter ou partir. Il ne veut pas non plus aller voir un psy ou un conseiller. Il y a environ 2 ans, j'étais à bout et je l'ai trompé! Il l'a su et m'a quitté. Quelques jours plus tard, on s'est remis ensemble, avec milles promesses... il allait changer et je n'allais plus le tromper. Ca a tenu quelques semaines puis il est redevenu froid et je suis retournée chez le même "amant" (...) Ce qui me pousse à écrire sur ce forum spécialement, c'est que malgré le fait qu'il me repousse continuellement, monsieur se masturbe en regardant des films porno sur son téléphone. Dans les WC, dans notre lit, quand il est déplacement pro (...) Il va "se coucher" avant moi, et en profite... ou alors quand je sors, ou quand je dors... (...) Malgré cela, je l'aime et je tiens à notre couple et à notre famille. Mais, ma tolérance et mon amour s'épuisent de plus en plus"

Témoignage de Mortimer, 14 décembre 2015
"Je viens de découvrir qu'il me ment depuis des mois... On a failli se séparer à cause de ça cet été, on commençait à se refaire confiance... On commençait de nouveau à être heureux
(...) Je lui ai parlé de cette addiction, je voulais l'aider, je l'ai emmené voir un psy (...) Je crois que je vais mourir de souffrance... Ca fait trois ans que j'endure ça. Il ne doit pas m'aimer comme je l'aime pour ne faire aucun effort à part pour me cacher chaque fois mieux ces vidéos qui nous sépareront à jamais. Jamais plus je ne pourrais lui faire confiance. C'est terminé. C'était pourtant l'amour de ma vie"

 

 

AFREG. 3ème version de l'article - avril 2020.

 

A. Regarder du porno peut multiplier par deux votre risque de divorcer, par Marie-Céline Ray, pour Futura Sciences, 9 septembre 2016.

 

 

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