IDÉES REÇUES SUR LA PORNOGRAPHIE

 

 

Si vous êtes un utilisateur habitué de ce site et/ou de son forum, un dépendant en cours de sevrage ou une compagne ou un compagnon victime collatérale de l'addiction de son partenaire, alors vous savez déjà le mal que peut faire la pornographie.

 

Mais peut être autour de vous, dans la "vraie vie" se tenant loin de cet espace, vos proches, parents, amis parlent en des termes conciliants de la pornographie et de ses effets. La pornographie renouvelle sans cesse ce tour de force d'arriver à convaincre qu'elle représente le sexe dans son ensemble, alors qu'elle n'en est qu'une démonstration très particulière. La pornographie récupère ainsi à son profit l'image ludique du sexe; parler de sexe ou de porno de manière négative, c'est bien vite passer pour un réactionnaire ou un gros frustré, ce qui admettons-le est rarement une posture agréable.

 

Il y a là l'une des grandes particularités de cette addiction: elle ne génère pas un consensus quant à ses effets comme on le fait pour l'acoolisme ou la tabagisme. Sur le forum, des dépendants témoignent, quand ils ont voulu parler de leur état à leurs proches, avoir fait face à une certaine incrédulité, quand ce n'est pas parfois le médecin à qui ils s'étaient confié qui s'est révélé dubitatif. Ces réactions, plus souvent maladroites que malintentionnées, sont extrêment déstabilisantes pour des dépendants déjà à vif d'avoir fait leur "coming out d'addict", et qui aimeraient plutôt se sentir soutenus dans leurs démarches que dénigrés dans leur souffrance.

 

Pourtant, les arguments et les clichés sur le sujet sont faciles à retourner tant ils ne sont guère fondés. Cet article vise précisément à vous apporter d'autres points de vue, pour que la prochaine fois qu'on vous taquinera en soirée sur le sujet vous puissiez argumenter du tac-au-tac au lieu de piquer du nez dans votre martini-olives. Et si vous n'aimez pas les martinis ou les olives, les arguments développés ci-dessous sont aussi pertinents avec d'autres cocktails ou dans d'autres circonstances.

 

Dépendants en cours de sevrage, dans les moments de doute où vous sentirez votre volonté s'affaibilir, n'hésitez pas également à revenir ici vous rafraîchir la mémoire.

 

 

Idée reçue numéro 1: "La pornographie, c'est l'idée d'une transgression, voire d'une subversion: elle doit être encouragée comme telle au titre de la liberté d'expression."

 

Réponse: NON. La pornographie n'exprime absolument plus aucune transgression, mais au contraire plutôt un conformisme des plus tristes.

 

Jusqu'à la fin des années 1950, la pornographie ne connaissait qu'une diffusion limitée; on échangeait sous le manteau des contenus au sein de réseaux d'initiés. Sa consommation était jugée comme particulièrement honteuse; on ne se vantait donc guère d'avoir de l'appétit pour de tels matériels. Cette confidentialité qui entourait alors la pornographie s'expliquait essentiellement par le poids des tabous des temps d'alors pour tout ce qui avait trait à la sexualité; il y avait là un sujet dont on ne parlait pas, ou fort peu. Il n'y avait aucune forme d'éducation à la sexualité à l'école et très rarement dans les familles; chacun devait trouver par lui-même les réponses à sa curiosité, ses questions et ses doutes sur le sujet.

 

Puis à partir de la fin des années 1960 et surtout des années 1970, commence à souffler dans les sociétés occidentales le vent de la libération des moeurs, entraînant dans son sillage celui de la révolution sexuelle. Le droit des femmes à disposer librement de leur corps devient une thématique de premier plan. Dans une France où une speakerine avait perdu son poste pour avoir laissé entrevoir un genou dénudé (A), où la pilule contraceptive n'avait pas encore de reconnaissance légale (B) et où l'adultère était encore passible d'une peine de prison pour les femmes mais pas pour les hommes (C), montrer des femmes dénudées ayant des rapports sexuels librement hors de tout contexte marital pouvait effectivement relever d'une certaine transgressivité. Les actrices pornographiques devenaient ainsi les héroïnes d'une conception de la sexualité ne se limitant pas à sa fonction reproductrice, mais pouvant également apparaître comme source de plaisir et d'épanouissement personnel. "Le porno avant, c'était pour prouver qu'une femme pouvait faire l'amour librement", résume Brigitte Lahaie, première grande star de l'industrie du X hexagonal ayant fait carrière de 1976 à 1980 (D).

 

Mais quarante ans plus tard, les choses ont bien changé. La nudité n'a strictement plus rien d'exceptionnel: films, clips, publicités et magasines usent et abusent de l'exposition de la chair, essentiellement féminine. Les années 1970 ont proclamé le droit à une sexualité épanouie; les années 2000 en ont fait un diktat de performance, une injonction à la jouissance (E). Nous sommes passés du "je veux pouvoir faire l'amour" à "je dois faire l'amour du mieux possible", à grands coups de coach sexo et de sex-toys hi-tech: le consumérisme a bouffé la lutte. La pornographie est dans la tendance - qu'elle a d'ailleurs participé à établir -; débarassé de ses oripeaux contestataires, le X s'est mué en produit de consommation courante, passant du hors-bornes à la norme. Sa consommation accompagne l'éveil à la sexualité de toutes les générations nées à partir des années 2000.

 

La pornographie ne cherche plus, et ce depuis longtemps, à bouleverser l'ordre sexuel établi, rassurant volontiers les hommes dans l'idée qu'ils se font de leur virilité, flattant les egos dans les rapports dominants / dominées; personne ne regarde un film porno pour réfléchir ou être bouleversé. Le classique du cinéma érotique des années 1970, Emmanuelle, doit une partie de son succès à la capacité du public féminin à s'identifier au personnage principal et à sa quête d'une sexualité plus riche (F). Aucun film pornographique contemporain n'offre plus à son spectateur de personnage emblématique, puisque de toute façon, il n'y a plus de personnages dans les films pornographiques.

 

A l'heure où le cinéma conventionnel normalise les personnages homosexuels, la pornographie se refuse toujours à la démonstration d'actes bisexuels dans les films destinés au public hétérosexuel, cloisonnant la pornographie gay dans une niche spécifique. Elle n'hésite pas non plus à exploiter les pires clichés racistes. Elle n'a aucun discours politique, aucune revendication; elle est politiquement froide.

 

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: La pornographie est réactionnaire - La pornographie, objet de convoitise au coeur du consumérisme")

 

 

Une seule exception semblerait à relever ces dernières années; dans le cadre de la promotion du Salon de l'érotisme de Barcelone de 2016, a été diffusé sur Internet une vidéo qui, par un certain sens de l'esthétisme, dénonce pêle-mêle corridas, corruption politique et homophobie dans la société espagnole. Toutefois, l'élan engagé s'est arrêté à la limite de la vidéo; le Salon de l'érotisme ainsi vanté n'a développé aucune démarche subversive, restant, comme tous les événéments de ce type, un salon de vente dédié aux amateurs d'érotisme et de pornographie. Ce clip, acte fondateur de rien, n'aura été qu'un bon coup de pub.

 

Du côté des acteurs, actrices, réalisateurs et réalisatrices, la même indifférence idéologique est désormais de mise. L'ancienne actrice et actuelle réalisatrice de films X Ovidie explique avoir débutée sa carrière d'acrice pornographique en 1999 par démarche militante, et garde cette optique dans les films qu'elle réalise aujourd'hui (G). Mais aujourd'hui, les stars actuelles du X dans l'ensemble assument d'y être entrées par goût du sexe, par du goût de l'argent ou pour les deux réunis. Symbole des temps, la rémunération des actrices se faite essentiellement à la scène, voire même "au contenu de la scène" (H), entraînant l'exercice d'un métier "plus en tant que call-girls qu'en tant qu'actrices" (H)

 

Certains réalisateurs - le plus souvent réalisatrices - branchés "nouvelle pornographie" tentent toutefois de vouloir redonner un nouvel éclat au genre. On retrouve généralement là d'anciennes actrices qui ont pu tourner dans des films X "classiques", et qui, passées derrière la caméra, désirent montrer une image de la sexualité différente de celle qu'elles ont elle-mêmes incarnée. Mais leur opposition, justement, n'est tournée que contre le "porno d'avant", le "porno des autres". Le "porno pour femmes", le "porno éthique" ou quelque soit le nom qu'il se donne, apparaît beaucoup plus comme un gadget cosmétique que comme le bras armée d'une révolution sexuelle 2.0; ce porno est peut-être plus joli, plus respecteux de la femme, plus tournée vers leurs désirs, mais il est politiquement tout aussi tranquille, et n'est ressenti en rien comme une menace par les vieux routiers du genre.

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: La pornographie est réactionnaire - La chimère du porno pour femmes

 

 

Le modèle économique dominant dans le X a de longue date choisi la face la plus sombre du capitalisme: actrices porno sous-payées en provenance des pays de l'Est, rognage des critères esthétiques au profit de tournages low-cost, sites porno où l'on découpe les fims en tranches en fonction de critères de performance physique, culte du plus vite, du plus fort, du plus mâle, du plus mal, du plus profond... Le parfum de la subversion a depuis longtemps déserté les plateaux des tournages X. Regarder de la pornographie n'est, et ce depuis longtemps, plus du tout être subversif; c'est au contraire est tristement normatif et consumériste.

 

 

Idée reçue numéro 2: "La pornographie représente la sexualité, et le sexe c'est naturel"

 

Réponse: NON. Le sexe est magnifique; mais pas la pornographie.

 

Le sexe est naturel, le sexe est magnifique. Mais la pornographie ne représente justement pas le sexe dans son ensemble mais simplement une vision kaléïdoscopée de la sexualité. Si vous avez déjà eu des rapports sexuels, si vous avez déjà eu des relations suivies avec un même partenaire, alors vous savez que le sexe, ce sont aussi les jeux de séduction des amants, la complicité, la tendresse d'après, les demandes hésitantes pendant l'acte, les pannes, les doutes, le plaisir et son absence parfois; tout ce qui fait que la sexualité n'est pas qu'une affaire de trafic d'orgasmes. Il ne s'agit même pas ici de parler d'amour, mais simplement d'interactions; le fait que dans mon comportement sexuel, je ne me sers pas de l'autre simplement comme une prise mâle ou femelle, mais recherche aussi ce qui ferait que pour elle ou pour lui, le courant pourrait également bien passer.

 

La pornographie met en scène des acteurs robots exécutant à l'écran une parodie de baise codifiée. Tout y est simulé, hypertrophié, fabriqué. Une démonstration de performances physiques qui se joue devant nos yeux. Les pantins enchaînent à l'écran les positions acrobatiques qui paraît-il plaisent selon le cahier des charges du X moderne. Plus vite, plus haut, plus fort; va plus vite, crie plus haut, tape plus fort. Ces corps à l'écran semblent invincibles, mais ces amants dans l'étreinte semblent insensibles: les yeux écarquillés des actrices trahissent la mauvaise simulation, la véritable souffrance physique, mais très rarement l'extase véritable.

 

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: Les représentations pornographiques Partie I: une sexualité phallocratique et violente

 

 

La pornographie a ceci de dérangeant qu'on lui accorde le droit de tout montrer, dès lors que le consentement des acteurs est annoncé et qu'un logo -18 ou tout autre variation contemporaine du carré blanc (I) apparaît en bas de l'écran pour soulager les consciences et rassurer les producteurs quant aux risques de représailles juridiques. En France, par exemple, absolument rien n'est interdit de représentation sauf la pédophilie, au nom de la protection de l'enfance, et la zoophilie, au nom de la protection de l'animal. Passé cela, un film X a le droit de montrer les pires saloperies, de délivrer les messages les plus haineux, les plus nauséabonds, sans crainte pour ses auteurs d'être inquiétés, dès qu'il ne sort pas des cases et horaires qui lui sont attribués. Et la pornographie, véritable industrie de la surenchère et de la sexualité bestiale, ne se prive pas pour mettre à l'épreuve l'intimité des acteurs et la libido des téléspectateurs.

 

Les spectateurs réguliers de pornographie n'affirment pas que le X est naturel, car ils savent ce qu'elle montre réellement. Ceux qui affirment que le porno ne serait que le joyeux spectacle de gens qui font l'amour n'en regardent pas, ou alors uniquement des productions léchées se soumettant elle-mêmes à une forme de censure pour se différencier de la masse crade, et garder ainsi accesible le juteux marché des chaînes de télévision qui diffusent du porno. Ils défendent l'idée qu'ils se font de la pornographie, et non ce qu'elle est véritablement. Quelque part dans leur tête, selon leurs âges, il y a Brigitte Lahaie, Laure Sinclair ou Clara Morgane, mais ils n'y a pas les scénèttes gonzo qui pullulent sur le Net.

 

Alors la prochaine fois qu'on vous dira que la pornographie serait "naturelle", demandez à votre interlocteur si les éjaculations faciales de groupe, les double pénétrations, les insertions sauvages d'objets et violenter son partenaire durant tout l'acte sexuel sont des pratiques naturelles. Si vous parlez à un homme, questionnez-le pour savoir s'il arrive à faire tenir son érection sans faille pendant une heure et demie de pénétration ininterrompue. Si c'est une femme, demandez-lui si à chacun de ses rapports, elle enchaîne les orgasmes à en perforer les tympas de son amant. Demandez-leur enfin si, contrairement aux personnages du porno, ils ne se perdent pas parfois à la faiblesse de quelques mots d'affection, ou à rassurer leur partenaire quand il n'y arrive pas. Et s'ils vous affirment que oui, ils baisent bien comme on le fait dans les films porno, alors que grand bien leur fasse! Mais qu'ils n'oublient pas alors que le cinéma de leur chambre à coucher n'est pas la normalité de tous ceux - les plus nombreux - qui ne font "que" l'amour, et qui n'ont pas envie qu'on leur impose l'intégrale de Private comme valeur étalon de leur sexualité.

 

 

Idée reçue numéro 3: "La pornographie a toujours été une expression artistique et doit être encouragée comme telle

 

Réponse: NON. L'art n'est peut-être pas mort, mais il ne rôde pas du côté de la pornographie.

 

Effectivement, on dispose bien de représentations d'actes sexuels sur une multitude de supports, et ce depuis le temps des peintures rupestres. L'humanité a toujours représenté la sexualité par l'ensemble des moyens à sa disposition, ce qui est fortement logique: la sexualité est au coeur de notre existence, ce qui en fait un élément intemporel et commun à tous. Cependant, entre les Vénus paléolithiques (J) et la dernière vidéo publiée sur PornHub, il y a tout un monde, et plusieurs siècles d'évolution dans la façon de représenter la sexualité.

 

Une donnée essentielle à ne pas perdre de vue est le phénomène de massification de la pornographie, décollant à partir des années 1950 avec le succès rapide du magasine Playboy (fondé en 1953), rejoint par la suite par Penthouse (1965) et Hustler (1974), et explosant au tournant des années 1980 avec l'émergence du marché de la VHS puis de celui du DVD. La généralisation de l'Internet domestique a fini d'achever la mutation de la pornographie en produit de consommation de masse. Mais en changeant de posture économique, la pornographie a aussi changé de posture idéologique. Ses oripeaux artistiques sont définitivement tombés au profit d'une logique de rentabilité, et les réalisateurs actuels recherchent beaucoup plus le profit que l'avant-gardisme. Dans la transition vers le mercantilisme, l'art est au tapis; alors que les sculpteurs de la Grèce antique et les peintres modernes cherchaient l'esthétique, les pornocrates cherchent à produire l'astiquage facile. On peut trouver beau L'Origine du Monde de Gustave Courbet, de par tout ce que l'oeuvre peut amener à l'imaginaire (K); on aura plus de mal à s'extasier devant les plans de vulves de la pornographie génitale, qui précisémment, promet de ne rien nous cacher, nous privant ainsi de ce mystère qui peut rendre le sexe si beau.

 

En tant qu'objet cinématographie, les films pornographiques se caractérisent pour leur écrasante majorité par leur extrême pauvreté technique; scènes tournées avec un nombre de caméra réduit, décors minimalistes voire même complètement absents, scénarios ridicules, absence d'une quelconque direction artistique de la part du réalisateur... la mise en scène d'un film pornographique est beaucoup plus proche d'une vidéo de vacances tournée sur un vieux portable que d'un Hitchcock ou d'un Michael Bay.

 

Et encore, tout va dépendre de quels films on parle exactement!

 

Les structures professionnelles, c'est-à-dire celles disposant d'une équipe et de matériel professionnel, mettent en avant que le carcan législatif enserrant la pornographie empêche toute constitution d'un budget décent, ce qui entraînerait irrémédiablement une chute de la qualité technique et artistique. En France, par exemple, les bénéfices des films pornographiques sont taxés depuis 1975 à 33% (L), tandis que les possibilités de publicités via les médias traditionnels sont très fortement réduites.

 

Le budget moyen consacré par les structures professionnels à un film pornographique est ridiculeusement petit. Patrick Baudry estimait en 1997 que pour faire un film pornographique, "un budget de 150 000 francs peut suffire" (M), soit compte tenu de l'inflation environ 28 000 euros actuels. Xavier Deleu estime que les "meilleurs budgets" sont de l'ordre de "100 à 120 000 euros" (N). Par comparaison, le budget moyen d'un film conventionnel en France est de 4,4 millions d'euros (O).

 

Egalement, depuis les années 90, toujours pour des raisons de recherche du coût le plus bas possible, les productions se sont également mises à employer massivement des actrices étrangères, "venues des Etats-Unis, d'Allemagne ou de l'Est, qui ne sont pas francophones" ce qui "impose le doublage des scènes de comédie, un des aspects involontairement comiques du cinéma X" (N)

 

En autres critères, la différence de durée d'un tournage d'un film pornographique avec celui d'un film traditionnel illustre bien le peu d'investissement artistique fait. Frédéric Ploton parle de "deux ou trois jours maximum" (P) et Xavier Deleu évoque quant à lui "quatre ou cinq jours" (N) de tournage. Ovidie parle quant à elle de "quatre jours à un mois" selon les "différentes échelles de tournage" (Q). En conséquence, afin d'aboutir à une longueur diffusable semblable aux films grand public, là où "le cinéma traditionnel compte en moyenne une journée pour obtenir au maximum cinq minutes utiles, le cinéma pornographique peut arriver à en tirer quinze à vingt minutes, parfois plus" (Q).

 

Certaines grosses structures productions anciennes, nées pour la plupart au tournant des années 80, tentent de maintenir un certain niveau de qualité visuelle, en tournant notamment de films en décors, en lingerie chic et parfois même en costumes. Ces producteurs jouent sur leur notoriété historique et arrivent encore à vendre leurs films à un public d'esthètes sur leurs seuls noms, malgré la diffusion illicite de leur contenu sur les tubes (R). On va retrouver là par exemple une partie des films que proposent à ces spectateurs Canal +, dont le film pornographique du mois continue d'être une vitrine pour la chaîne, et qui à ce titre doit se distinguer de la masse de ce qui se fait - la chaîne imposant un cahier des charges éliminant de fait toutes les productions "crades" (S).

 

Un record a même été atteint en 2008 avec le film Pirates! 2, ayant coûté 8 millions de dollars (soit compte tenu de l'inflation, 5,8 millions d'euros actuels), et qui réunissait une bonne partie du gratin mondial du X de l'époque dans un film de corsaires tout en décors, en costumes et en effets spéciaux (T). Mais quantitativement, ces productions sont des gouttes d'eau dans l'océan. Dans le schéma économique actuel, la concurrence de la pornographie piratée réduit fortement les capacités de marges bénéficiaires, incitant à la réduction des budgets. Ironie du temps, l'année de sortie de Pirates! 2 est généralement retenue comme marquant le début de l'effondrement du modèle économique de la pornographie payante, fondée en grande partie sur le marché du DVD (R). Un baroud d'honneur d'un monde mourrisant en somme.

 

De ce fait, depuis plus de trente ans, la plupart des réalisateurs ont donc abandonné toute velléité artistique. Comme le reprenait déjà Patrick Baudry en 1997, "on ne croit pas qu'on va se faire connaître des vrais cinéastes. A l'époque, beaucoup ont commencé comme ça. Maintenant c'est fini. Le porno, c'est la case d'arrivée au porno, c'est tout" (M). Ovidie, qui a travaillé avec nombre de réalisateurs influents de la fin des années 1990 aux débuts des années 2000, résume: "Beaucoup de pornographes européens ne se considèrent plus comme des cinéastes de genre, mais comme des fabriquants de matériel à branlette" (H). Un peu à l'image de Pierre Woodman, anciennement réalisateur de longs-métrages pour de gros studios comme Private, reconverti depuis une dizaine d'années dans la réalisation de castings porno low-cost avec des actrices débutantes d'Europe de l'Est, qu'il réalise, tourne, monte et parfois joue lui-même (U).

 

Et on ne parle ici que des productions professionnelles installées. Le gros de ce que l'on voit aujourd'hui dans la pornographie ce sont des vidéos à la limite de l'amareutisme, sans aucune construction narrative. Il va s'agir de vidéos courtes (trois à vingt minutes), dénommées par une combinaison des mots-clés pensée pour attirer le chalant cliquant, et reprenant les grandes lignes des scènes crues qu'on va nous montrer (titre de type: "Sodomie douloureuse pour cette jeune blonde"). Ces vidéos ne proposent strictement rien d'autre, pas d'histoire, pas de personnage, pas de sous-texte, et l'intégralité du tournage aura aisément été effectuée "en une seule journée" (V). Aucun nom de réalisateur n'est donné et très rarement le nom des acteurs ou actrices, la plupart du temps simplement désignés par quelques traits physiques ("jeune/vieille", "blonde/brune/rousse" "noire/asiatique", etc.) ou éventuellement par un prénom lambda. L'investissement technique réalisé est minimum (absence d'éclairage d'appoint, utilisation le plus souvent d'une seule caméra mobile). Ces productions à la chaîne sont tournées dans une logique du minimum de coûts possibles. Ne cherchant donc pas la différenciation par l'esthétisme ou l'originalité du scénario,, ces productions jouent la carte de la surenchère physique, insistant sur le degré de violence physique portée aux actrices (avec l'utilisation dans le titre des vidéos de termes commes "défoncée", "douloureuse", "violentée", "extrême", "déchirée", etc.)".

 

Sur Internet, le cinéma "piston", "sans moyens" se développe rapidement. Les actrices se font tambouriner à merci, sans merci, en gros plan, par plusieurs jeunes types baraqués. Ca y va fort, c'est du X "ultra hard", violent, harassant, sans aucun moyen, avec des actrices visiblement pas à la fête" (V). Ces films rejoignent ensuite les tubes, banques de millions de vidéos disponibles sur Internet, où elles seront indexées toujours selon la même logique de mots-clés liés au physique des actrices et aux performances qu'on nous présente, signe ultime du total désintérêt accordé à la personne humaine qui, sous nos yeux, subit les pires outrages corporels (R) (W).

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: Les représentations pornographiques Partie I: une sexualité phallocratique et violente

 

 

 

Ce qui rend également vaine toute sincère démarche artistique est aussi la raison même pour laquelle on regarde une vidéo pornographique. Personne ne regarde un film X pour la richesse de son scénario ou le réalisme de ses scènes de comédie: le film X a pour mission d'amener à une excitation puis une jouissance sexuelle rapide, "la branlette d'urgence" comme le résume Elisabeth Weissman. Partant de là, les scènes de comédie ne peuvent que ralentir le consommateur dans sa quête onaniste. "On sait le sort qui est réservé par les porn-addicts à toutes les scènes de transition qui ne sont pas des pures scènes de sexe; elles sont visionnées en accéléré" résume Elisabeth Weissman (X). Patrick Baudry confirme: "On peut manquer plusieurs séquences, cela n'a aucune importance" (M).

 

Le cinéma conventionnel considère la pornographie comme le cousin honteux de la famille. Les acteurs conventionnels installés (c'est-à-dire qui gagnent suffisamment bien leur vie pour pouvoir choisir un minimum leurs films) évitent de tourner dans des films porno, même dans des rôles non sexuels, soit par mépris artistique pour le genre, soit par crainte des retombées sur leur carrière. A l'inverse, les acteurs et actrices porno n'ont plus d'ambition de faire carrière dans le cinéma conventionnel - la plupart n'envisage d'ailleurs leur passage dans la pornographie que comme une étape de leur vie, avant la reprise d'activités professionnelles beaucoup plus communes. Certes, ils existent des exceptions, et quelques acteurs et actrices porno ont pu ici et là décrocher des rôles dans des films conventionnels. Mais à y regarder de plus près,en mettant de côté les films où ils/elles incarnent leurs propres rôles, acteurs et actrices pornographiques se voient souvent confier soit des seconds rôles ou de la figuration, soit des rôles de vixen girls dans des clips (Y), soit des rôles nécessitant d'être nus ou d'avoir des rapports sexuels explicites à l'écran - des rôles que vraisemblablement, les acteurs classiques auraient refusé. Et même dans ces cas-là, le mariage n'est pas toujours heureux; dans sa biographie (Z), Rocco Siffredi affirmait avoir ressenti, tout le long du tournage d'Anatomie de l'Enfer, film de Catherine Breilat sortie en 2002, un véritable mépris de la part de sa partenaire à l'écran du fait de son statut d'acteur porno.

 

Du côté des réalisateurs, le constat est le même: aucun réalisateur venant du monde du porno n'a réussi à acquérir de notoriété dans le cinéma traditionnel. Les réalisateurs dont les oeuvres passent au cinéma, ne se risquent pas à côtoyer ceux dont les films passent sur Youporn. En fait, il y a comme une "zone grise", une sorte de purgatoire où se croisent réalisateurs venant du porno et aspirant à faire des films conventionnels, et réalisateurs conventionnels intégrant dans leurs films.des éléments venant du porno.

 

Sauf que les conditions de traitement ne sont pas les mêmes. Les réalisateurs venant du porno et s'essayant au cinéma conventionnel vont généralement réaliser des métrages à petit budget employant des acteurs de notoriété médiocre, voire pour les plus connus de notoriété moyenne; ces films, pour bon nombre d'entre eux, évoqueront de manère crue la sexualité ou le monde de la pornographie, comme si un cordon n'arrivait pas à être coupé. On trouvera par exemple ici le français HPG, ex-acteur et ex-réalisateur de films X, réalisateur de trois longs-métrages conventionnels dont deux où il incarne un hardeur.

 

Les réalisateurs traditionnels reprenant dans leurs films des scènes de rapports sexuels explicites sont de plus en plus nombreux, mais n'assument toutefois pas la pourtant très évidente filiation avec la pornographie. Par exemple, Gaspard Noé, réalisateur de Love, que les critiques (aussi bien les bonnes que les mauvaises) présentent unaniment comme de nature pornographique (AA), décrit son long-métrage comme l'une de ses oeuvres les plus douces, insistant sur la dimension sentimentale de l'histoire qu'il y dépeint. Gaspard Noé a d'ailleurs agacé nombre de personnalités venant de la pornographie, dont une ancienne actrice X ayant participé au film lui reprochant son mépris pour un genre dont il s'est très largement inspiré (AB). Lars Von Trier, quant à lui, a assuré une partie de la promotion de sa duologie Nymphomaniac sur le nombre de scènes de sexe censées avoir été jouées par des comédiens conventionnels relativement connus - l'affiche utilisée pour la promotion du film montre d'ailleurs ces mêmes acteurs simulant un orgasme (AC). Sauf que le réalisateur a en fait fait appel à des acteurs porno pour doubler ces fameuses scènes , précisant en bout de générique de fin: "None of the professionnal actors had penetrative sexual intercourse and all such scenes where performed by body doubles" , soit littéralement: "aucun des acteurs professionnels n'a réalisé de pénétration, et toutes les scènes de ce type ont été réalisées par des doublures corps" (AD). Cette dichotomie entre d'un côté les "acteurs professionnels" et de l'autre les "doublures corps", dont les noms ne sont d'ailleurs même pas crédités au générique, est une manière au final bien classique de séparer la caste des "vrais" acteurs, de ceux qui impliquent leurs sexes, leurs seins et leurs fesses dans des orgasmes joués. Un comble pour celui qui, un temps, avait doté sa société de production d'une filiale dédiée à la production de fillms X, censée révolutionner le genre!

 

Enfin, il est intéressant de remarquer qu'aucun des principaux festivals de cinéma du monde n'a de catégorie 'film pornographique" - alors que les films s'inspirant de la pornographie eux sont régulièrement présents pour apporter un peu de souffre à ces cérémonies guindées, sans que d'ailleurs jusqu'ici aucun d'entre eux n'ait été récompensé. Les films pornographiques, en réaction, disposent éventuellement de leurs propres cérémonies, souvent crées à l'initiative de la presse spécialisée; bref, pour "ceux qui font des films", les films porno ne sont pas des films (AE). Le premier long-métrage non pornographique de l'ancien acteur et réalisateur X HPG, "On ne devrait pas exister", traite justement de la difficulté à être considéré comme un véritable artiste par le septième art lorsque vous venez du porno.

 

Ce qui va finalement classer la représentation d'un acte sexuel en pornographie ou en oeuvre artistique, est peut-être la place laissée à l'imaginaire. L'art, quand on filme une scène de sexe, de savoir en retenir suffisamment pour laisser l'inconscient du spectateur écrire la partie cachée. Or, la pornographie a précisémment pour leitmotiv de ne rien cacher du tout, et donc de saper le travail de l'imaginaire. Et sur ce point, la technologie sert l'appauvrissement de l'esprit; la sculpture, la peinture, la photographie ne fournissent qu'une image fixe, nous obligeant à écrire notre propre film. La vidéo nous délivre une formule du prêt-à-jouir, mais je peux encore me permettre m'imaginer être à la place de cet acteur et enrichir le scénario. La dernière technologie à la mode, la réalité virtuelle, me prive de ce dernier effort imaginatif puisque je suis complètement immergé dans l'histoire (AF). Or, la nécessité d'ajouter son propre monde à la proposition pornographique, est précisémment ce qui permet au cerveau de mettre de la distance vis-à-vis du contenu; plus le virtuel se rapproche de la réalité, plus l'imaginaire s'en éloigne.

 

 

Idée reçue numéro 4: "Le fait que des femmes puisse montrer leur corps et être payées pour cela, n'est-ce pas une forme de féminisme?

 

Réponse: NON. Un corps soumis ne devient pas libre parce qu'on le paye pour ça.

 

Le mouvement féministe contemporain a émergé dans le courant des années 1960. Unies sur un tronc commun de sujets fondamentaux (tel que l'émancipation de la femme dans le couple et dans la loi, la contraception, l'égalité salariale...), les féministes n'ont cependant jamais réussi à s'accorder sur deux questions clivantes: la légalisation/pénalisation de la prostitution, et la place des femmes dans la pornographie.

 

D'un côté, certains féministes considèrent que la pornographie est l'industrie de l'instrumentalisation et de l'avillissement de la femme. Parmi les figures historiques les plus importantes, on retrouve ici deux américaines, la juriste Catherine McKinnon et l'activiste Andrea Dworkin, auteur du fondamental "Pornography: Men Possessing Women" (1981) et qui considérait la pornographie comme "une violation des droits civiques des femmes" (AG). Dworkin était également membre de l'influent mouvement des "Women against Pornography", militant pour l'interdiction totale de la pornographie, et dont la pensée est bien résumée par la phrase choc de l'une de leurs membres, Robin Morgan: "La pornographie, c'est la théorie, mais la pratique c'est le viol" (AH).

 

D'autres considèrent à l'inverse que toute démonstration de la sexualité des femmes ne peut qu'être propice à leur émancipation, insistant notamment sur le fait que la pornographie serait la seule industrie où les femmes gagnent plus que les hommes. Les noms marquants de ce courant sont les américaines Wendy Mc Elroy, auteur de "XXX: A woman's right to pornography" en 1995; Annie Sprinkle, ancienne actrice pornographique connue notamment pour des spectacles où elle mettait en scène sa propre nudité et son goût pour la masturbation; ou bien encore Candida Royalle, ancienne actrice pornographique tentant dès le début des années 1980 la réalisation de films X conçus spécifiquement pour le public féminin.

 

On retrouve ici exactement la même opposition que celle existante au sujet de la prostitution, entre les prohibitionnistes qui pensent qu'il faut interdire la prostitution en tant qu'industrie d'exploitation du corps de la femme, et les abolitionnistes qui sont convaincus que pouvoir faire commerce de son corps doit être un droit reconnu.

 

Il s'agit en fait d'un débat à deux faces: il y a d'un côté l'actrice X, ce qu'elle fait, ce qu'elle subit, ce qu'elle en retire personnellement. Et il y a de l'autre côté la femme de tous les jours, probablement pas consommatrice de pornographie, mais qui au quotidien peut vivre l'image pornographique comme une agression de son genre, et subir personnellement les attitudes de ceux qui regardent la pornographie.

 

Les actrices pornographiques

 

Je n'adhère pas particulièrement à l'idée de pornographies au pluriel, car cette notion aboutit irrémédiablement à une classification entre ce qui serait un "bon porno" et un "mauvais porno", alors qu'une part non négligeable de ce qui rend le X addictif se trouve dans le socle commun à tout contenu pornographique. Il est cependant exact que la production pornographique recoupe des réalités différentes en matière de traitement des acteurs et des actrices. Cette partie sera cependant essentiellement consacrée aux actrices, enjeu marchand central de la pornographie.

 

En haut de la pyramide, on trouve les acteurs et les actrices tournant avec les studios et les réalisateurs à la plus forte noriété, ceux dont les noms vont être plus facilement connus du grand public non consommateur de pornographie, comme Marc Dorcel ou John B.Root. Ces acteurs tournent dans des productions significativement plus coûteuses que la moyenne, et bien souvent soumises à des sortes de cahiers des charges des pratiques autorisées à la diffusion; cette régulation provenant soit des chaînes télé spécialisées achetant (et parfois finançant) ces films, soit des productions elle-mêmes qui cherchent à assurer un standard qualité minimum. Nombre des acteurs et actrices auront ici commencé leur carrière par choix libre, et décrivent leur expérience personnelle comme globalement positive; certaines actrices, par exemple, ont pu toute leur carrière refuser de tourner certaines pratiques qu'elles jugeaient dégradantes ou qu'elles souhaitaient peut être réserver au cadre privé, ou ont pu imposer les acteurs avec qui elles souhaitaient tourner (AI). Ces actrices sont la tête de gondole du X; ce sont celles qui bénéficient de la plus forte médiatisation, celles qui sont interviewées sur des plateaux de télévision grand public, celles que la presse spécialisée va considérer comme ses stars. Elles incarnent un visage positif de la pornographie.

 

Le cas le plus emblématique reste selon moi Clara Morgane, probablement la star du X la plus connue en France. Le parcours dans la pornographie de Clara Morgane relève pourtant de l'anecdotique: deux ans seulement de carrière pour une petite dizaine de films, tournés avec seulement deux acteurs masculins différents. Cependant, Clara Morgane, dont le physique dégage un certain naturel et dont du visage émane un certain angélisme, apparaît comme une jeune femme joyeuse, avec de la répartie, beaucoup plus proche en termes d'images de la jolie voisine sur qui on fantasme, que de la caricature de la pornostar; elle a été pour l'industrie du X, une image "clean", facile à vendre.

 

Cependant, il convient de noter que, compte tenu à la fois de la crise du modèle économique du X payant et de la victoire d'une forme überisée de la pornographie basée sur la diffusion par des amateurs de leurs propres contenus, il n'y a actuellement pas d'acteurs ou d'actrices en activité connaissant un véritable succès médiatique au-delà des frontières de leur genre.

 

Toutefois, le gros de la masse, ce sont les acteurs et actrices des vidéos courtes que l'on voit sur Internet, millions de visages et de corps anonymes tournant dans des productions à très faible budget, sans scénario et même le plus souvent en quasi totale improvisation. De ces productions sans générique, aucun nom de ne ressort, le public se moquant le plus souvent de savoir à qui sont ces corps qui s'animent devant son écran. Si une partie minoritaire de ce contenu provient de productions réellement amateures sans réelle volonté lucrative, la majorité est élaborée par des petits faiseurs des pays de l'Est profitant de la détresse de jeunes femmes, pour qui tourner un film porno apparaît souvent comme le seul rempart à la pauvreté. La "liberté de consentement" des actrices est on ne peut plus relative, lorque vous devez tourner des films pour survivre; les porno-proxénètes aux commandes usent et abusent de cette détresse humaine pour obtenir de "leurs filles" qu'elles subissent les pires humiliations devant la caméra. Et si ces actrices semblent adhérer à ce traitement, c'est parce que cette adhésion de façade est nécessaire pour obtenir leur salaire.

 

N'oublions pas non plus tout ce que la caméra ne montre pas; les douleurs physiques retenues, les saignements essuyés, les corps à bout forcés à l'acte, les drogues prises pour supporter les douleurs et tenir le choc physique (AJ), tout ça au nom de la rentabilité du corps exploité; dans l'immensité de la pornographie, la condition des actrices X est beaucoup plus proche des prostituées que des actrices luxueuses des productions léchées. Quant au fait qu'être rémunérée pour exhiber son corps serait une preuve d'émancipation; la pornographie est un commerce dont le produit est le corps de la femme. Or, tout acte de vente est lié à un acte d'achat; défendre le droit d'une femme à faire commerce de son corps c'est avant tout et surtout défendre le droit des hommes à acheter cette exhibition. La pornographie ne peut donc pas être un progrès du féminisme, mais est bien tout au contraire une victoire du machisme marié au mercantilisme. La femme du porno n'est pas sujet d'un art, elle est objet de consommation. Et à ceux qui affirment le contraire, demandez-leur s'ils souhaiteraient que leur femme, leur soeur ou leur fille devienne actrice de film X.... vous devinez déjà la réponse.

 

 

L'image des femmes dans les films pornographiques

 

Le message d'un film se situe dans ce qu'on montre. Quant un réalisateur tourne un film basé sur un scénario de viol, on se doute bien que l'actrice a donné son consentement au scénario; mais ce que veut montrer le réalisateur est bel et bien un viol, un viol qu'il va chercher à rendre excitant. La tentative de fuite, la résistance, les protestations filmées sont bien celles du personnage et non de l'actrice; cette dernière simule mais le personnage que l'on me montre subit bel et bien ce viol.

 

Et ce que montre l'image de la femme dans les films pornographiques est on ne peut plus inquiétant. Le produit porno lambda vend l'image d'une sexualité violente, a-relationnelle, basée sur la domination et la maltraitance du corps féminin. Soyons sérieux; il n'est pas difficile de comprendre qu'une scène de double pénétration, d'insertions brutales d'objets ou de rapports contraints ne va pas dans le sens du respect de la femme et de sa mise en valeur. Ce que montre le porno, ce ne sont pas des femmes libérées; ce sont des corps enchaînés à la jouissance de l'homme, marionnettes incapables d'influer le déroulement de rapports sexuels qu'elles subissent, contraintes de feindre de jouir quand l'homme réalise les positions qui l'excitent lui. Il ne s'agit donc certainement pas de montrer des femmes qui prendraient le pouvoir par leur corps et leur sexualité, mais de filmer des corps féminins selon l'idée que se font les pornocrates des fantasmes masculins. "Jamais semble-t'il dans un film X, un personnage masculin ne s'est inquiété du plaisir ressenti par un personnage féminin" comme le reprend Xavier Deleu (N). Pour tout cela, la pornographie est un véritable reniement des luttes féministes des cinquante dernières années.

 

Au nom de la liberté de disposer de son corps et d'être payée pour le rendre disponible, l'actrice X fait donc la promotion de l'aliénation de son genre. "La liberté des uns commence ou s'arrête celle des autres" dit la maxime; mais ô combien est curieux le raisonnement qui induit que la victime devienne libre quand elle feint de jouir de son aliénation.

 

Quant à celui qui regarde, ce qu'il aime ce n'est pas de voir une femme être payée pour faire semblant d'être violentée, ce qu'il aime est qu'on lui montre un personnage de femme violentée. On peut toujours hyppocritement essayer de se persuader que tout va bien, puisqu'"elle a été payée pour ça": mais soutenir l'idée que payer un corps autorise à lui ôter toute dignité n'est en rien un acte de féminisme.

 

Une autre pornographie est-elle possible?

 

Il y a une certaine frénésie depuis quelques années autour du "porno pour femmes", qui montrerait des femmes ayant repris le contrôle de leur sexualité, présentant des corps ne répondant pas aux standards physiques actuels de la pornographie, et dont les scénarios seraient plus à même de susciter l'excitation du public féminin.

 

En soit, l'idée d'une pornographie au féminin n'est pas nouvelle: Annie Sprinkle et Candida Royalle, chantres de l'idée que l'essor de la pornographie serait une avancée féministe, ont chacune réalisé des films en ce sens dès le début des années 1980. Une autre tentative notable fut celle lancée par Lars Von Trier en 1997, lorsqu'il a doté sa société de production Zentropa de la très élégamment nommée Puzzy Power, filiale dédiée à la réalisation de films porno "pour femmes" - mais où le réalisateur de Dancer in the Dark n'intervient que comme producteur. Puzzy Power était dotée d'une sorte de charte éthique en dix points sur ce que devait être un "bon" film porno. Puzzy Power n'a cependant rien produit depuis 2006, en proie depuis sa création à de gros problèmes pour rentabiliser ses films compte tenu de leurs budgets nettement plus élevés que la concurrence. "Le budget pour chaque film est environ quatre fois plus élevé qu'un très gros budget français (pour exemple, le budget de Constance est d'environ 450 000 dollars). Les acteurs ont été payés très généreusement, une part des recettes revient aux acteurs principaux, comme cela se fait dans le cinéma" (H)

 

Depuis cependant l'actuelle décennie, une nouvelle génération de réalisatrices, dont un certain nombre sont d'anciennes actrices pornographiques, tentent de relancer l'idée d'une pornographie pour femmes, parfois même élargie à la notion de "porno éthique", qui serait faite de films débarassés des travers mysogines, homophobes et racistes, et où la violence, lorsqu'elle serait présente, ne serait montrée que comme découlant d'un consentement des personnages féminins.

 

Sans douter de la sincérité artistique de ces réalisatrices, et en mettant de côté tous les débats sur ce qui serait de nature à exciter au mieux les femmes, ces productions ne sont que des gouttes d'eau dans l'océan de la pornographie des tubes (W). Les productions de ces réalisatrices ne passent pas d'ailleurs pas sur les caneaux majeurs, au profit de voies de distribution plus réduites mais plus faciles à contrôler, ce qui permet de limiter le piratage. Cela reste donc du porno pour initiés, dont la promotion à grands renforts d'articles dans la presse branchée sert surtout d'alibi à ceux qui souhaitent défendre la pornographie à n'importe quel prix.

 

De leur côté, les leaders historiques du marché ont parfaitement compris que l'étiquette "porno pour femmes" pourrait les aider à partir à la conquête de la moitié féminine de la population, encore relativement peu consommatrice principalement par rejet de ce que montre l'existant. Il est d'ailleurs drôle de voir que les catalogues de "porno pour femmes" sont pour l'essentiel composés de contenus déjà existants, et qui ont juste été catégorifiés comme telles. Ainsi, fin 2012, la société de production la plus connue de l'Hexagone a lancé son propre site dédié à la pornographie pour femmes, où l'on retrouve les mêmes films que sur son site principal mais présenté dans une esthétique moins tape à l'oeil: la même pilule mais dans une plus jolie boîte.

 

 

Idée reçue numéro 5: "Tous les hommes regardent de la pornographie, c'est normal pour eux"

 

Réponse: NON. De nombreux hommes ne consomment pas de pornographie - et quand bien même ils le feraient, cela ne rendrait pas ce comportement "normal"!

 

La majorité des études existantes se focalise sur le premier contact avec la pornographie; ce à quoi il est effectivement exact de répondre que dans nos sociétés occidentales modernes, quasiment tous les hommes - et une part grandissante des femmes - ont déjà été en contact avec de la pornographie. Mais lorsqu'on cherche à affiner les résultats et à quantifier combien en sont des consommateurs réguliers, les chiffres apportent un relief différent.

 

L'enquête la plus complète et la plus récente sur le sujet a été publiée en janvier 2014 par l'IFOP (Institut français d'opinion publique) à la demande d'un site de diffusion de vidéos X (AK). Selon cette étude, 88% des hommes ont déjà été en contact avec de la pornographie, qu'il s'agisse d'un site Internet ou de films à la télévision ou en DVD; 79% des hommes ont déjà expérimenté la pornographie en ligne. Mais lorsqu'on s'intéresse à la régularité de cette consommation, on s'aperçoit que 26% de ces 79%, soit 15,80% des sondés, n'ont consulté aucun site porno depuis au moins un an. Additionnés aux 12% d'hommes n'ayant jamais été en contact avec du porno, on totalise donc 27,80% d'hommes n'ayant eu aucun contact avec la pornographie depuis plus de douze mois (AL). Ces chiffres sont peut être légèrement surestimés par le fait que l'étude ne fournit pas de données sur la part de ceux qui consomment de la pornographie sans utiliser Internet; mais j'ai une tendance à croire que rares doivent être les amateurs de porno à ne pas utiliser en 2017 le Net comme support de recherche.

 

Ainsi donc, environ un homme sur quatre ne consomme PAS de pornographie. C'est peu, certes, mais loin d'être négligeable, et en tout cas largement suffisant pour affirmer que non, tous les hommes ne consomment pas de pornographie. Vous ne le croyez pas? Je suis un homme, et je ne consomme pas de pornographie :-)

 

Il faut comprendre que l'industrie du X a un intérêt évident à présenter la consommation de porno comme "normale", au sens premier du terme: "comme relevant de la norme". Cette position lui permet une banalisation plus facile, et de stigmatiser les "extraterrestres" qui n'en consommeraient pas. En effet, à partir du moment où l'on considère qu'un phénomène relève de la norme, le critiquer est se mettre hors normes, ce qui signifie plus ou moins être seul contre tous; dire en société que vous êtes contre la pornographie peut vite vous amener à être jugé comme un rétrograde, au sens premier du terme: "celui qui ne veut pas avancer", un peu comme si une seule voie du progrès était possible, et que cette voie passait entre les jambes des actrices porno.

 

Il y a également derrière l'idée de la norme celle du "concensus mou"; selon une sorte de principe inconscient rassurant que la masse ne peut avoir tort, la normalisation induirait l'inocuité, et empêcherait donc tout débat sur le thème. Quand je suis contacté par des compagnes de dépendants au porno, ou lorsque je lis les messages de la section "Compagnes de dépendants" du forum, je suis toujours étonné de voir qu'un certain nombre ont d'abord "accepté" cette consommation selon l'idée que c'était normal pour un homme de consommer du porno; avant finalement de changer d'avis lorsqu'elles ont découvert l'ampleur et la nature réelle de la consommation de ces derniers.

 

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: "Tentative de définition du consommateur-type de pornographie"

 

 

 

Longtemps, la pornographie a tenté la normalisation, par la médiatisation de quelques unes de ces figures.

 

Du côté des hommes, une seule, celle de Rocco Siffredi, à réussi à se faire un nom au-delà des afficionados du porno, et avec pour le coup un incontestable succès. Outre sa participation à quelques films non pornographiques (dont parfois dans le rôle principal), l'Italien est aussi ponctuellement sollicité pour des publicités et a eu le droit en 2017 à son propre documentaire autobiographique.

 

Du côté des femmes, deux icônes ont vu leur aura perdurer après l'arrêt de leurs carrières: Brigitte Lahaie et Clara Morgane, mais dans des postures relativement différentes. Brigitte Lahaie a pu incarner la pornographie engagée, quasi militante des années 1970. Clara Morgane a été le visage lisse et souriant de la pornographie du début des années 2000, vivant ses dernières années fastes avant la faillite de son modèle économique (W). Brigitte Lahaie a depuis passé un diplôme de sexologie, a longtemps été animatrice radio d'une émission traitant de sexualité et est régulièrement invitée à s'exprimer sur des sujets en lien avec la sexualité et la pornographie. Clara Morgane a fait de la chanson, tournée dans des publicités, du théâtre, a présenté des émissions de télévision, est directrice artistique de spectacles glamour sur Paris et enfin patronne de sa propre marque de lingerie; elle reste chez les moins de 40 ans l'actrice X la plus connue plus de dix ans après la fin de sa carrière.

 

Mais ce qui est frappant est que, si la majorité des gens connaisse ses trois figures et les lie à leur passé dans le X, quasiment personne ne peut donner le nom d'un film dans lequel elles ont joué.

 

Ainsi, beaucoup ignorent que Rocco Siffredi, qui s'est construit une image plutôt classieuse, s'est illustré dans plusieurs productions hard: "l'homme qui passe à Célébrités sur TF1, joue dans Romance, fait de la pub pour du chocolat, est aussi celui qu'on a vu prendre Sidonie, une hardeuse blonde, en lui mettant la tête dans les WC, et tirer la chasse d'eau au moment de jouir" (N)

Quant à Clara Morgane, sa carrière dans le X relève de l'anecdotique: une dizaine de fims (en comptant les productions érotiques), uniquement des productions professionnelles, avec seulement deux partenaires masculins et deux années d'activité.

 

Tous deux illustrent ce que Xavier Deleu appele "la pénétration à la fois massive et superficielle de l'imaginaire collectif par l'industrie du X" (N): tout le monde en a entendu parler, mais personne ne sait réellement ce qu'il en retourne.

 

Rocco Siffredi, Brigitte Lahaie et Clara Morgane auront donné à la pornographie un visage acceptable, pouvant devenir un sujet de discussion sur le canapé du salon ou à la salle de sport, permettant à ceux qui en consomment d'en parler plus ouvertement sans passer pour des pervers. Mas la stratégie semble à bout de souffle; depuis l'arrêt de la carrière de Clara Morgane, en 2002, aucune personnalité du X n'a réussi à retrouver une notoriété comparable aux trois personnalités précitées, ce qui a peu ou prou renvoyé la consommation de pornographie dans les rangs des plaisirs tacites.

 

C'est finalement par le biais d'un meme (ces rengaines audio ou vidéo répétées à l'envie sur Internet) que le site pornographique Jacquie et Michel à réussi à se hisser au-dessus de la mêlée du porno amateur. Son "merci qui?" est connu des cours du collège à la machine à café du bureau, et pour l'essentiel auprès d'un public qui n'a jamais payé le moindre centime pour voir une de ses vidéos. Histoire d'assurer leurs arrières, les nouveaux rois de l'über-porno franchouillard capitalise sur le buzz en commercialisant t-shirts et housses de couette à leur logo. La stratégie n'est pas nouvelle: Playboy, dont le célèbre magasine n'est plus rentable depuis au moins le début de la décennie, capitalise sur la notoriété amassée depuis soixante-dix ans pour écouler lingerie, vêtements et parfums porteurs du petit lapin; dans les deux cas, on suit porno sans consommer du porno.

 

Aujourd'hui, le nouveau public à convaincre ce sont les adolescents, consommateurs aujourd'hui et plus gros consommateurs demain, alors autant aller directement sur le terrain de jeu; le Net et plus particulièrement Youtube. Vous trouverez sur le site de vidéos le plus consulté au monde la chaine officielle du site porno américain Brazzers, ou des actrices de films X plus maquillées que vêtues font du gaming (genre de vidéos très prisées par le public enfants et adolescents, où l'on se filme en train de jouer au dernier jeu vidéo à la mode tout en le commentant). Ses concurrents de xHamster lancent leur propre chaîne "d'éducation sexuelle", où sont publiés des vidéos thématiques plutôt sages, mais servant surtout à assurer la notoriété de l'activité principale de l'entreprise (chaque vidéo porte en description le message suivant: "It's time to get a real education on sex, xHamster, the greatest porno site in the world, is taking a stance on sex positivity and educating the truth about sex to the world!", soit: "Il est temps de proposer une véritable éducation sexuelle, xHamster, le plus grand site porno au monde, s'engage pour une sexualité positive et apporte au monde la vérité à propos du sexe!"). Marc Dorcel diffuse sur sa chaîne Youtube des bandes-annonces soft de ses films, tandis que Pierre Croce, humoriste à la mode chez les enfants et adolescents, s'associe à la même société Dorcel faire la promotion de leur technologie de réalité virtuelle. Le même Pierre Croce s'illustre d'ailleurs par plusieurs vidéos réalisées avec des actrices X, révélant ainsi son affection pour le monde de la pornographie.

 

Idée commune numéro 6: "La pornographie stimule la créativité sexuelle"

 

Réponse: NON. Au contraire; la pornographie appauvrit votre capacité à fantasmer.

 

D'un point de vue strictement technique, la pornographie va montrer un enchaînement de poses et de postures dont un certain nombre resteront impratiquées du commun des mortels. Analysé come un livre de recettes de cuisine sexuelle, il apparaît logique de se dire que le porno puisse nous faire découvrir de nouveaux plats charnels, et apporter un peu de piment à notre sexualité.

 

Sauf que la pornographie ne se consomme pas comme un met fin qu'on savoure à deux, mais plutôt comme un plat micro-ondes qu'on ingurgite seul dans son lit; le porno c'est lourd, c'est déjà vu et ça se consomme vite. La majorité de ces spectateurs ne regardent pas de la pornographie pour enrichir leur vie sexuelle: ils en regardent pour s'inventer une vie sexuelle, qu'elle soit unique ou parallèle à celle qu'ils ont dans leur couple. Ils vivent pour eux seuls l'expérience pornographique, et peu à peu, déconnectent leur sexualité de celle de leur éventuel(le) conjoint(e).

 

La pornographie a également ce vilain défaut d'empêcher votre imaginaire de fonctionner de manière autonome: le X, en ne vous cachant rien, ne vous fait pas fantasmer; il vous impose des images et poses à copier-coller auprès de l'autre. Il vous invite à oublier que l'autre est un être, une personne, avant d'être un corps prêt-à-l'emploi; dans ces postures, pas de place pour les sentiments: affection, fougue, passion ou même simplement respect du partenaire sont absents de la baise triple X.

 

Au final, la sexualité du pornodépendant est comme mécanisée, robotisée, et en cela, beaucoup plus pauvre. Sur le forum, nombreux sont les témoignages de compagnes de dépendants qui déplorent ressentir que leur partenaire ne fait que baiser au lieu de faire l'amour avec elles.

 

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: L'altération de la sexualtié chez le pornodépendant

 

 

 

Votre imagination a un pouvoir que la pornographie n'aura jamais; elle connaît vos désirs, et pour peu que vous connaissiez un peu votre partenaire, elle peut vous dire quoi faire pour satisfaire les siens. Si vous laissez parler votre imagination, si vous laissez les fantasmes venir, vous pourriez trouver les recettes susceptibles de vous plaire à tous les deux. Si vous choisissez de laisser à la pornographie le contrôle de votre capacité à fantasmer, vous ne ferez que baiser l'un à côté de l'autre.

 

 

Idée commune numéro 7: "La pornographie permet de soulager les frustations sexuelles"

 

Réponse: NON. Au contraire; la pornographie entretient les frustrations et favorise les passages à l'acte.

 

Dans les années 1960, le psychiatre américain Seymour Feshbach a conceptualisé la théorie dite la "catharsis pornographique": selon lui, regarder du porno aurait permis d'apaiser les tensions et frustations sexuelles, et partant de là, de canaliser les pulsions des délinquants sexuels.

Suivant cette même théorie, intégrer de la pornographie dans le couple aurait permis de combattre les troubles de l'excitation et d'apaiser les frustrations; le porno donnerait envie de faire l'amour, et par bien des aspects, en produirait les mêmes effets bénéfiques pour le corps et l'esprit.

 

Seymour Fesbach lui-même a par la suite reconnu l'incongruité de sa théorie. En effet, aucune étude n'a jamais été en mesure de démontrer que là où il y avait de la pornographie, les couples étaient plus heureux et les délinquants sexuels moins nombreux. Bien au contraire; on trouve chez tous les délinquants sexuels du matériel pornographique, dont la consommation non seulement n'a pas apaisé les pulsions, mais au contraire a permis leur catalyse et encouragé le passage à l'acte criminel en faisant céder les dernières inhibitions sociales et "peur du gendarme".

 

Quant à consommer de la pornographie pour dépasser la frustration d'une vie sexuelle que l'on trouve insatisfaisante, c'est ici le "remède" qui favorise le mal: plus la pornographie est utilisée pour combler un manque, plus elle alimente ce manque, entraînant le pornodépendant dans une boulimie d'images sans fin.

 

Malgré tout, l'idée que la pornographie puisse être utilisée comme outil thérapeutique a la dent dure, et l'on trouve encore aujourd'hui des pseudos spécialistes qui recommandent son utilisation, parfois comme instrument d'éducation sexuelle, parfois comme solution aux troubles sexuels que peut traverser un couple. Parfois, ces "spécialistes du sexe" s'associent à des distributeurs de films ou de sex-toys pour vendre des contenus porno labellisés "bons pour la libido". Ainsi, un site spécialisé dans les films X en réalité virtuelle proposant une offre combinant un film avec un sex-toy relié à l'ordinateur, présente son produit comme source d'épanouissement sexuel et conjugal, soutenu dans cette démarche par un sexologue de Beverly Hills (AN). PornHub et xHamster, deux des principaux sites porno mondiaux, proposent chacun un espace "d'éducation sexuelle" sous couvert là aussi de caution de pseudo spécialistes américains (AP).

 

La pornographie ne peut être un moteur de développement sexuel, car elle nie toute la dimension relationnelle de la sexualité. Or c'est précisémment l'existence d'une dimension relationnelle qui fait qu'on trouve de l'épanouissement par la sexualité. Quant à l'intégration de la pornographie dans une vie de couple à la sexualité vacillante... c'est le coup de grâce! Parfois, les débuts sont encourageants; notamment quand Monsieur semble initialement avoir retrouvé sa vigueur perdue. Sauf qu'il doit ce regain d'entrain à l'excitation de voir des demoiselles inconnues avoir des rapports sexuels devant lui via un écran, et non au fait de faire l'amour avec sa femme; si le corps fait l'amour avec la partenaire, la tête est encore avec l'actrice. Rapidement, Monsieur finit par se désintéresser des rapports de couple et cède aux sirènes de la pornographie qui promet le renouvellement perpétuel des plaisirs et des corps. La partenaire va vivre ce rejet comme celui de son propre corps, qu'elle ne manquera pas de vouloir comparer à celui des actrices que son compagnon affectionne tant. Elle pourra éventuellement tenter de se travestir en actrice libertine pour reconquérir la libido de son partenaire, à grands coup de lingerie, de maquillage, de propositions sexuelles inhabituelles et parfois à marche forcée pour elle; mais Monsieur n'en décollera pas pour autant de son écran.

 

La seule solution pour s'en sortir sera alors de se reconnecter au réel, en se déconnectant de la pornographie: c'est ce qui s'appelle le sevrage; mais si à ce moment, le couple, déjà au bord de l'explosion, croise la route d'un pseudo "spécialiste" qui lui affimera que le porno n'y est pour rien dans leur situation de crise, il légitimera le consommateur dans sa pratique et pétrifiera la compagne dans son malaise.

 

 

Plus d'informations sur le sujet? Je vous invite à lire: L'altération de la sexualtié chez le pornodépendant, ou bien "La pornographie nuit aux relations conjugales et familales" ou bien encore "Compagnes de dépendants: aider et être aidées"

 

 

 

Idée commune numéro 8: "Ceux qui critiquent la pornographie sont des extrêmistes religieux"

 

Réponse: NON. La critique de la pornographie n'est pas nécessairement une affaire de religion.

 

On touche ici à une question délicate, qui est l'analyse de la pornographie comme objet moral. Je pense qu'on ne peut faire l'économie de cette question, car la pornographie EST un objet moral. Que l'on pense que la pornographie porte une forme de création artistique, que l'on pense qu'elle est une arme du féminisme ou de la domination patriarchale, dans tous les cas on lui attribue une puissance normative, c'est-à-dire de nature à incliner le sens vers lequel va une société.

 

La critique de la pornographie en tant qu'objet moral est effectivement historiquement effectuée par les autorités religieuses des grandes croyances monothéistes, condamnant toutes sa réalisation et sa consommation en tant que sources de perversion des moeurs et facteur de destruction de la structure familiale. Dans le même temps, ces mêmes autorités restent très sommaires dans leur critique du phénomène sous les angles sociologiques et psychologiques; mais qui leur en voudrait? Car telle n'est pas la mission qu'elles se donnent, n'y celles qu'on attendent d'elles.

 

Dans nos sociétés où le fait religieux est parfois une question délicate à traiter, il y aura toujours des gens pour lesquels les croyances, qu'elles qu'elles soient, seront vues comme sources de tous les maux. Ainsi, en marge de l'athéisme "indifférent" de la majorité des non-croyants (AO), vous trouverez également de véritables croisés anti-religions, prédicateurs de la non-foi, propagateurs du "Ni Dieu ni Dieu" qui, sur Internet, quand leurs arguments s'épuisent, vous traitent de culs-béni réac' comme d'autres franchissent avec allégresse le point Godwin (AQ). Pour ceux-là, les croyances sont éprouvées comme des sortes de cancers sociaux, et toute idée que partage une autorité théologique est nécessairement suspecte; et par extension, toute personne adhérant à une idée qui est aussi partagée par une autorité religieuse serait nécessairement un "fou de Dieu" avançant tapis dans l'ombre. Ainsi, quelque soit la pertinence des arguments psychologiques, sociologiques, économiques avancés, le "prêcheur caché" est coupable par association du "crime de dévotion". A mon humble échelle, un chroniqueur sexo pro-porno a vu dans le travail que je propose ici une oeuvre de, je cite "propagande religieuse" qui voudrait "chercher à récupérer les brebis égarées", appuyant son étincelante analyse sur le fait que le www.pornodependance.com figurait sur une liste parmi 'une centaine de liens d'un site d'information catholique, avec lequel le www.pornodependance.com n'a aucune association particulière (AR)

 

La critique de la pornographie et l'analyse de la dépendance à la pornographie viennent aujourd'hui aussi de scientifiques, de journalistes, de sociologues, de médecins qui, s'ils ont peut être un espoir de paradis, le gardent pour eux. La critique provient aujourd'hui de tous les horizons; même des actrices et anciennes actrices provenant du monde du X ont témoigné de leurs inquétudes vis-à-vis de la pornographie actuelle et de ses effets. L'analyse religieuse n'est qu'une face de la critique, à laquelle on est évidemment libre d'adhérer ou pas.

 

 

Idée commune numéro 9: "L'addiction à la pornographie n'existe pas"

 

Réponse: SI! Même si par ce site je suis un peu parti pris !

 

A l'heure actuelle, si le monde médical accorde une importance sans cesse grandissante à la reconnaissance de l'addiction à la pornographie, il n'y a pas encore de concensus mondial sur la question. La dépendance à la pornographie ne figure pas par exemple dans le DSM - Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-, ouvrage américain de référence en matière de psychiatrie (AS). Cette reconnaissance, et on peut s'en féliciter, progresse dans la foulée des études récentes portées sur ce qu'on appelle aujourd'hui les addictions sans substances (jeux de hasard, cyberdépendance, etc.).

 

Alors oui, en parallèle à de nombreux et sérieux travaux traitant du sujet, à partir desquels le site que vous êtes en train de consulter est en partie construit (AT), vous trouverez encore des saillies affirmant l'inexistence de l'addiction à la pornographie.Ces travaux souvent esseulés de chercheurs méconnus arrivent cependant à rencontrer un certain écho, car ils sont repris sur Internet par pas mal de "chroniqueurs sexo" pro-porno voire même par les sites pornographiques eux-mêmes, trop heureux de pouvoir se rattacher à une pseudo caution de rigueur.

 

Par exemple, en 2014, David Ley, psychologue d'Albuquerque (Etats-Unis), a sorti "The Myth of Sex Addiction", une étude ayant bénéficié d'un large relais médiatique auprès des espaces s'intéressant à la question. Selon David Ley, l'addiction à la pornographie serait une invention faite par des hommes pour se déresponsabiliser de comportements qu'ils n'assument pas; la négation d'un mal par le comportement de sa victime en somme. Ce qui est parfaitement stupide; si j'ai une migraine et que je prétexte qu'elle m'empêche d'aller travailler, cela ne veut pas dire que je n'ai pas de migraine; cela veut simplement dire que je ne fournis pas l'effort nécessaire pour traiter ma migraine et aller au travail. Appliqué à notre sujet: se dédouaner sur l'aspect maladif de l'addiction ne signifie pas pour autant que l'addiction n'existe pas, mais simplement que je me complais dans la situation et ne me donne pas la volonté de la dépasser. Egalement, le Docteur Ley, dans son ouvrage, a une fâcheuse tendance à écarter les travaux qui ne rejoignent pas les conclusions de sa propre étude, au motif de la subjectivité morale supposée de leurs auteurs: mais le manque d'objectivité n'est-il pas plutôt du côté de celui qui écarte les preuves qui ne l'arrangent pas?

 

Sortent également ponctuellement des articles traitant du "businesse du sevrage à la pornographie", invariablement mono-axés sur l'existence aux Etats-Unis de cliniques privées de désintoxication où, moyennant une lourde participation financière, on vous garantit via un stage intensif d'inspiration militaire un sevrage en un temps record. Ce genre d'espaces est effectivement critiquable, notamment compte tenu de l'ampleur du sacrifice financier attendu des participants. Mais si ce type de "cliniques" fonctionne aux Etats-Unis, c'est parce que l'approche culturelle américaine des phénomènes addictifs a permis d'accoucher de ce type de solutions; on ne peut nier l'existence d'une pathologie parce qu'on apprécie pas l'une des ses approches curatives.

 

Plus proche de nous, le sociologue français Florian Vöros a publié en 2014 son premier travail, "L'invention de l'addiction à la pornographie", où il tend à rejeter l'existence de la pornodépendance au motif que, je cite: "Le diagnostic de l'addiction à la pornographie, qu'il soit le fait d'une personne ordinaire (conjoint, parent, militant antipornographie) ou d'une personne qualifiée (thérapeute, clinicien) est toujours lié à un jugement moral négatif porté sur la pratique". Ce qui signifie donc que Monsieur Vöros considère que tous ses pairs scientifiques "personnes qualifiées", dont certains à la respectabilité établie, seraient incapables d'impartialité. Ce qui est étonnant est que Monsieur Vöros n'envisage pas le postulat inverse, à savoir que sa propre fascination pour l'objet pornographique, dont l'étude semble dessiner sa carrière (AU), pourrait tordre son jugement. En effet, Florian Vöros se place dans la lignée des Porn Studies, un courant américain de chercheurs, affirmant faire de la pornographie, de son influence et de ses effets des objets d'étude à part entière, mais dont les membres essuient des critiques pour le parti pris bienveillant de leurs analyses pour leur sujet.

 

La première, la toute première étape d'un sevrage à la pornographie est la prise de conscience. J'ai la fierté de dire que de nombreux sevrages ont pu commencer grâce à ce site et à son forum, parce que cet espace a permis à de nombreux hommes de mettre des mots sur un trouble qu'ils ressentaient. Des travaux comme ceux du Dr David Ley ou de Florian Vöros, niant l'existence même de la cause de leur malêtre, sont des insultes à leur souffrance.

 

Idée commune numéro 10: "De toute façon, on y peut rien"

 

Réponse: BIEN SUR QUE SI! Et quand bien même on n'y pourrait rien, serait-ce une raison pour baisser les bras?

 

Soyons francs: interdire la pornographie, quoiqu'on pense de l'idée, est techniquement impossible. Internet est la zone de non-droit juridique la plus étendue de la planète. Des nations ont déjà tenté de contrôler l'accès à la pornographie, mais les solutions pour contourner les blocages se développent au moins aussi vite que ces derniers. Si jamais, demain en France, tout site Internet porno était supprimé, il ne faudrait pas longtemps pour que tout le trafic soit dévié vers les sites étrangers. Sans compter que tout est dupliquable à l'infini sur le Net, ce qui rend la notion même de suppression toute relative. C'est pour ça que la solution majeure pour protéger les enfants et les adolescents de l'influence de la pornographie, à laquelle ils seront malheureusement exposés, reste l'éducation de ces derniers à une autre discours sur la sexualité.

 

Maintenant, subir n'est pas accepter. Vous avez le droit de trouver que la situation n'est pas normale, vous avez le droit de dire que ce type de contenu ne passera pas dans votre vie ou par votre foyer. Le porno est partout? Faites de votre vie un oasis. Installez un contrôle parental, interdisez les contenus pornographiques à la maison. En fonction de votre degré de sensibilité ou de militantisme, ne prenez pas de billet de cinéma pour des films qui présentent des scènes explicites gratuites. Autour de vous, des blagues sur la pornographie sont faites ? Laissez passer les éclats de rire puis rappelez discrètement que, derrière les films pornos, il y a des corps qui souffrent. Vous passerez peut-être pour le réac' ou le coincé de service, mais vous serez raccord avec ce que vous pensez. Et qui sait, vous pourriez trouver des appuis auprès de vos proches, qui n'osaient pas jusque là afficher un tel point de vue.

 

Aujourd'hui, la vraie transgressivité, c'est ne pas regarder de la pornographie, et d'assumer ne pas l'apprécier. Alors soyez transgressifs !

 

 

AFREG. 2ème version de l'article - avril 2020.

 

Sources et notes de bas de page:

 

A. En 1964, Noëlle Noblecourt, présentatrice de l'émission Télé Dimanche sur l'ORTF, seule chaîne de télévision de l'époque en France, est renvoyée par la production au motif que sa robe trop courte laissait apparaître ses genoux. Dans une intervention donnée plus de trente ans plus tard, elle déclarera que le véritable motif de son renvoi aurait été son refus de céder aux avances du directeur de l'information de la chaîne de l'époque, Raymond Marcillac. Sources: Noële Noblecourt (Wikipedia) et Noëlle Noblecourt donne la vraie raison de son renvoi de "Télé Dimanche" (INA, 07 mars 1995)

 

B. La pilule a été inventée en 1956 et a commencée à être commercialisée comme contraceptif aux Etats-Unis en 1960 puis en ex-Allemagne fédérale en 1961. La France a dépénalisé la contraception en 1967, autorisant la pilule alors uniquement à des fins thérapeutiques; ce n'est finalement qu'en 1973 que l'on autorise officiellement en France ce qui était déjà un état de fait, à savoir l'utilisation de la pilule à des fins contraceptives. Source: Contraception orale (Wikipedia)

 

C. L'adultère était considéré comme un délit pénal en France jusqu'en 1975, mais avec des peines différenciées selon qui était le fautif. L'épouse encourait ainsi une peine d'emprisonnement de 3 mois à 2 ans, tandis que le mari ne risquait qu'une peine d'amende de 360 à 7 200 francs - soit, compte tenu de l'inflation, entre 250 et 5000 de nos euros actuels -, peine qu'il ne risquait que s'il avait consommé son infidélité sous le toit conjugal. L'adultère a été dépénalisé en 1975 mais reste toujours un motif de faute dans la prononciation d'un divorce. Source: Quelles sanctions pour l'Adultère ?, Legavox, Me Sabine Haddad, 2007.

 

D. "Une vie classée X", documentaire de Mireille Dumas, CBTF Productions, 2005. Diffusé à l'époque sur France 3 dans le cadre de l'émission "La vie comme un roman" (Une vie classé X, Youtube). Déconseillé aux moins de 16 ans. Déconseillé aux pornodépendants.

 

E. Voir pour une brève introduction sur ce thème, par exemple: "L'orgasme, une obligation?" par le Dr Charlotte Tourmente, Allodocteurs.fr, 21 décembre 2016.

 

F. Emmanuelle est un film érotique, sorti en 1974 et réalisé par le néerlandais Just Jaeckin, à partir du roman éponyme d'Emmanuelle Arsan. Ce film dresse le portrait d'Emmanuelle, épouse d'un diplomate qui s'émancipe peu à peu de ce rôle d'apparat à travers la multiplication d'expériences sexuelles. Ce film, sorti dans les salles de cinéma, attirera près de neuf millions de spectateurs, ce qui en fait le quarante-troisième film le plus vu dans les salles françaises (le dix-huitième, si on se limite aux seuls films ayant une production française). Emmanuelle donnera naissance à sept suites, dont quatre sortiront au cinéma, l'actrice incarnant encore son rôle phare à trois reprises. Source: Emmanuelle (film) (Wikipedia) et Liste des plus gros succès du box-office en France (Wikipedia)

 

G. Biographie d'Ovidie, France 2, réalisée à l'occasion de la diffusion le 23 jun 2015 de son documentaire "A quoi rêvent les jeunes filles?" (Infrarouge, France 2)

 

H. Porno Manifesto, Ovidie, Editions La Musardine, Collection Lectures amoureuses, 2004.

 

I. En France, la première signalétique de protection de l'enfance à la télévision est apparue en 1961, sous forme d'un carré blanc s'incrustant en bas à droite de l'écran durant toute la diffusion d'un contenu jugé inapproprié - ce qui recouvrait à la fois les films jugés trop violents et les films pornographiques. Les films soumis à carré blanc étaient aussi annoncés comme tel par la speakerine avant leur diffusion, jusqu'à la disparition des speakerines en 1993. Le système a perduré jusqu'en 1996, pour être d'abord remplacé par une signalétique de formes de couleurs puis à partir de 2002 par des mentions plus claires des âges de visionnage conseillés. Source: Signalétique d'avertissement (Wikipedia)

 

J. Les Vénus paléolitiques désignent un ensemble de statuettes, vieilles de 20 000 à 30 000 ans, représentant le plus souvent des femmes nues aux rondeurs extrêmement marquées. La plus connue d'entre elles est la Vénus de Willendorf. Source: Vénus paléolithique (Wikipedia)

 

K. L'Origine du Monde est un tableau de Gustave Coubet, peint en 1866. L'oeuvre représente un nu féminin du haut des seins jusqu'aux cuisses, l'oeil du spectateur étant plus particulièrement attiré par le sexe du modèle. L'oeuvre a longtemps suscité un débat quant à son éventuel caractère pornographique. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire mon sujet sur le forum du site: "L'Origine du Monde vs Mémoire de l'origine: de l'art et de la pornographie."

 

L. Selon l'article 1605 sexes du code général des impôts.

 

M..La pornographie et ses images, Patrick Baudry, Armand Colin, 1997.

 

N. Le concensus pornographique, Xavier Deleu, Mango Documents, avril 2002.

 

O. "Cinéma. En France, le budget moyen d'un film est de 4,4 millions", rencontre avec Jean-Baptiste Souchier, directeur de Cofiloisirs, Anaïs Demont, Ouest France, 18 mai 2016.

 

P. Peut-on apprendre la sexualité avec les films X? Frédéric Ploton, Les Editions de l'Hèbe, Collection La Question, octobre 2004.

 

Q. Osez... tourner votre film X, Ovidie, La Musardine, 2005

 

R. Dans le documentaire "Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe", diffusé sur Canal+ en 2017, Marc Dorcel, directeur général de la société fondée par son père, puis Vincent Gresser, producteur pour les studios Colmax, aboutissent aux mêmes constats: leurs productions finissent invariablement dupliquées sur les tubes, ces méga-sites proposant au téléchargement ou en streaming des millions de vidéos acquises illégalement, sans que le moindre centime de droit d'auteur ne soit reversé.

 

S. Canal + est une chaîne de télévision française "à péage" (une petite partie des programmes est en difusion gratuite, mais l'accès à l'intégralité de la grille nécessite un abonnement) qui a obtenu le droit depuis août 1985 de diffuser de la pornographie. Elle a ainsi choisi de multidiffuser un même film X par mois, la première diffusion ayant traditionnellement lieu à minuit le premier samedi du mois. Se soumettant à la fois aux règles du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) français et à un cahier des charges interne, elle ne diffuse que des films provenant de grosses structures professionnelles ou acquis auprès de gros studios étrangers.

 

T. Afin de rentabiliser les coûts supportés par Pirates! 2, une version " soft" du film a d'ailleurs été lancé à la conquête d'un public plus large. La critique a généralement descendu l'oeuvre, compte tenu de l'incongruité de son scénario et du piètre niveau de jeu de ses acteurs. Source: Pirates 2: La Vengeance de Stagnetti (page Wikipedia)

 

U. Voir à ce titre, entre autres: "Pierre Woodman" sur Wikipedia, ou pour une analyse plus critique: "Porno: pourquoi il fallait dénoncer le réalisateur Pierre Woodman et ses méthodes", Peggy Sastre, L'Obs Le Plus, 19 décembre 2013.

 

V. Gang Bang, enquête sur la pornographie de la démolition, Frédéric Joignot, Editions Seuil, Non Conforme, janvier 2007.

 

W. Aujourd'hui, la majorité du X est consommé en ligne via des méga-plateformes appelées les tubes, sur lesquels les contenus sont, dans leur grande majorité, piratés à partir de l'offre payante - qui, de ce fait, rencontre de grandes difficultés à se vendre. A la différence du cinéma ou de la musique, il n'y a ni volonté légale de lutter contre le phénomène, ni prise de conscience du public, ni possibilité de contrecarrer le piratage par une plusvalue quelconque (par exemple, le cinéma peut mettre en avant le confort d'une projection en salle ou le packaging d'une édition spéciale DVD; les musiciens peuvent assurer des tournées... rien de cela n'existe pour la pornographie).

 

X. La nouvelle guerre du sexe, Elisabeth Weissmann, Stock Les Documents, 2008.

 

Y. Les clips musicaux et plus particulièrement ceux de hip-hop mettent régulièrement en scène des vixen girls, termes désignant des jeunes femmes aux formes avantageuses prenant des poses lascives en arrière-plan, ou bien interagissant langoureusement avec les chanteurs. La mode est née au début des années 90 au sein du hip-hop américain. Le recours à des actrices pornographiques comme vixen girls en France commence avec un groupe plutôt classé rock, Silmarils, qui a été le premier à faire appel à trois actrices pornographiques pour son clip Cours vite en 1995. Un cap a été franchi en 2017 avec le rappeur français Vald, qui a fait appel à un acteur et une actrice porno pour son clip Selfie, dont il a fait trois versions: une version plus ou moins "grand public" disponible sur Youtube, une version "pornographique" mettant en scène les deux acteurs à l'oeuvre, et une version intermédiaire "érotique" montrant un enchaînement de positions sexuelles mais où les organes génitaux des acteurs sont occultés. La version pornographique est uniquement consultable sur un site X précis, et la version érotique sur une plateforme de visionnage de clips musicaux. Conséquence d'un buzz bien mené: la part majeure des articles sortis dans la presse musicale et traitant du sujet fournisse le lien vers le site porno, et le nom du site pornographique ainsi que les mots-clés à taper reviennent rapidement dans les commentaires Youtube de la version grand public; le site porno en question n'aurait pu rêver meilleur publicité.

 

Z. Rocco Raconte Rocco - L'histoire De Ma Vie, Rocco Siffredi, Adcan/Pascal Petiot Editions, 2006.

 

AA. Voir, par exemple: "Love", un film porno qui bande mou" (Fernand Denis, La Libre.be, 28 juillet 2015) ou bien "Love - Gaspar Noé tente le grand film sentimental porno" (Première, 21 mai 2015) ou bien encore «Love», le film «porno en 3D» qui peine à séduire la critique (Olivier Perrin, Le Temps, 26 août 2015) ou bien encore CANNES 2015. "Love" de Gaspar Noé : ex-actrice X, j'ai participé au film. Un vrai porno (Angell Summers, L'Obs Le Plus, 23 mai 2015)

 

AB. Voir, par exemple: Le milieu du X dénigre violemment Love de Gaspar Noé (Hélène Pagesy, Le Figaro.fr, 26 mai 2015)

 

AC. Voir l'image ici

 

AD. Voir ici: Nymphomaniac: les acteurs doublés pour les scènes de sexe (Pauline Labadie, Le Figaro.fr, 23 mai 2013)

 

AE. Voir par exemple les différentes cérémonies américaines tel que les AVN Awards, les xBiz Awars ou les XRCO Awards, ou bien encore la cérémonie allemande des Vénus Awards. La seule cérémonie française, les Hots d'or, a définitivement cessé de se tenir depuis 2009.

 

AF. Plus d'informations sur le sujet? Je propose une critique sur le forum du site, "Pornographie et réalité virtuelle: attention danger?"

 

AG. Les Nouvelles Salopes: les femmes et l'essor de la culture porno, Ariel Levy, Editions de Tournon, 2005.


AH. Cybersexe, Les connections dangereuses, Fulvio Caccia, Editions Arléa, 1995.

 

AI. Ovidie, par exemple, a toujours refusé la sodomie et de tourner avec des acteurs non protégés, tandis que Clara Morgane n'aura en tout et pour tout tourné qu'avec deux partenaires masculins, dont son compagnon de l'époque. Source: Ovidie (page Wikipedia) et Clara Morgane (page Wikipedia)

 

AJ. Ovidie explique que "viagra ou cocaïne" sont utilisés dans le milieu du X pour "pallier aux défaillances" (D) et cite également la prise de pilules ainsi que les injections de lydocaïne comme anti-douleurs (R). Frédéric Joignot parle quant à lui des "acteurs qui se piquent le sexe pour bander" (V)

 

AK. Les résultats de l'étude sont accessibles ici: http://www.ifop.com/media/poll/2603-1-study_file.pdf

 

AL. Si on considère uniquement les trois derniers mois, on arrive selon le même calcul à 33,97% d'hommes n'ayant pas consommé de pornographie durant le dernier trimestre.

 

AN. Il s'agit du programme Virtual Sexology, lancé par le site pornographique BadoInkVR qui sur sa page d'accueil, est présenté comme "a self-help program created by BadoInkVR that dovetails adult entertainement and sex education", soit littéralement "un programme de développement personnel cré par BadoInkVR qui joint le plaisir pour adultes à l'éducation sexuelle". Le site est soutenu par Hernando Chaves, annoncé comme "a licensed sex therapist", soit un "thérapeute sexuel diplômé" et qui sur sa page Twitter se définit comme "Sex Therapist, Psychology Professor", soit un "thérapeute sexuel et professeur de psychologie".

 

AO. La majorité des gens, soient se définissent comme ne croyant pas en une religion, soient se déclarent rattachés à une religion sans toutefois la pratiquer Ces personnes ne font généralement cependant pas ni de leur absence de croyance, ni de leur absence de pratique, un trait d'identité à défendre; ils considèrent que leurs voisins ont parfaitement droit d'avoir les croyances qu'ils veulent, tant que ces croyances n'ont pas d'influence négative sur leur propre vie.

 

AP. Voir notamment "L'éducation sexuelle par la pornographie, vraiment?", Maïa Mazaurette, Le Monde, 19 février 2017.

 

AQ. Le "point Godwin" désigne le fait qu'à l'occasion d'une discussion sur Internet où les parties n'arrivent ni à s'entendre, ni à s'accorder sur le caractère inconciliable de leurs points de vue, une des deux parties finit par comparer son interlocuteur ou les propos qu'il tient au nazisme. Voir notamment: Loi de Godwin (page Wikipedia).

 

AR. Je me suis accordé un droit de réponse que vous trouverez ici.

 

AS. Voir ici Manuel diagnostique et stastistique des troubles mentaux (page Wikipedia)

 

AT. Vous trouverez en bas de page de chaque article la liste des ouvrages utilisés et cités dans les articles. Je vous invite à vous y plonger si vous souhaitez aprofondir le sujet.

 

AU. Son deuxième (et jusqu'ici dernier) ouvrage sorti en 2015 s'intitule "Cultures pornographiques: Anthologie des porn studies"

 

 

 

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